Au fil des jours 2
Le 10 06 2023 :
Un bol renversé sur la table
des miettes de pain comme sable
le silence blanc redoutable.
La mort a frappé, intraitable
un homme âgé et vulnérable
le maître des lieux révocable,
chacun sait que rien n’est durable
et nul n’est indispensable.
Nous naissons par chance improbable
pareils au ruisseau tarissable,
fragiles guerriers incapables
pour payer nos fautes coupables.
*****
Le 13 05 2023 : 442 haïkus)
L’homme stupéfait
épuisé il étouffait
la mort triomphait.
*****
Leurs fronts se frôlaient
au-dessus du lit douillet
l’enfant consolaient.
*****
Au bout du chemin
un horizon opalin
annonce demain.
*****
La colère aux yeux
dans leur défilé haineux
projettent des feux.
*****
Le vent doucement
comme un beau prince charmant
n’est que sentiments.
*****
Partir pour toujours
visiter le monde autour
retrouver l’amour.
La femme sauvage
vivra sa vie sans partage
jusqu’à son naufrage.
*****
La main de l’enfant
se réfugie tendrement
dans ta main, maman.
*****
Portée par le vent
la feuille morte souvent
s’en va au levant.
*****
Le 09 05 2023 :
une victoire par le sang
et pourquoi toujours se réjouir
de ces terribles souvenirs ?
Tous les cadavres mutilés
par le feu et le fer pilés
n’auront aucune utilité
en avançant la vanité.
Il n’est pas de gloire à tuer
ni d’honneur à perpétuer.
Seule la paix dans l’harmonie
mérite une cérémonie.
Avant que reviennent
la peur, la terreur, la haine
sur le monde en peine.
*****
Il en faudrait peu
de ces êtres lumineux
pour éteindre un feu.
*****
Qu’un soldat s’avance
pour que cesse la violence
et vive l’enfance.
*****
Les peuples s’enfuient
dans la tourmente et la pluie
ils se sacrifient.
*****
Les larmes des femmes
pour que se taisent les armes
et la guerre infâme.
****
La guerre et la guerre
toujours l’enfer délétère
des gens qu’on enterre
sans une prière
alors que les primevères
viennent en pleine lumière
pour que l’on espère
abattre toutes frontières
combler tous les cimetières
où dorment nos pères.
Osons une nouvelle ère
sans idée guerrière.
****
Le 28 04 2023 :
partis sur la pointe des pieds
avec leurs terribles secrets
ils nous ont laissés désœuvrés
chargés de toutes nos questions
prisonnières de nos baillons.
Nous nous aimions, nous nous parlions
des gens que nous rencontrions
mais sur votre vie nous gardions
le silence noir des prisons.
Mère, où est la petite fille,
père, étais-tu l’enfant tranquille,
d’où me vient donc cette colère
qui trop souvent me jette à terre.
Votre monde n’est pas le vôtre
il n’était pas peuplé d’apôtres.
Vous restez derrière la porte
et nous, le diable nous emporte.
*****
Le 26 04 2023 :
Tu porteras toujours la croix
de ce petit enfant je crois
que tu aurais dû protéger
comme tu étais engagé.
Cependant ton seul héritage
fut une humanité sauvage.
Partout règnent le feu, le fer,
le monde livré aux enfers.
Est-ce ainsi qu’on aime un enfant,
un petit être dépendant ?
Tu porteras toujours ta croix
homme maudit de peu de foi.
*****
Le 25 04 2025 :
L’enfant que nous avons été,
par tout ce temps fut emporté
avec tous ses espoirs secrets,
ses déceptions et ses regrets.
Il ne reste qu’une chanson
dispersée aux quatre horizons.
Les vieilles rancœurs se réveillent
car en ce bas monde tout se paye.
Où nous faudra-t-il rechercher
les miettes d’un bonheur caché
avant de se voir terrassé
quand trop d’épreuves ont passé.
*****
Le 22 04 2023 :
souffrent et se démènent
pour enfin voir du mieux,
pour vivre un peu plus vieux.
La vie est un boulet
que l’homme doit porter,
il ne voit pas d’espoir
alors que tout est noir
aussi il vit de rêves
qu’il va suivre sans trêve
ainsi font les lucioles
que la lumière affole.
****
Dans cette rue où ils vivaient
le monde entier leur ressemblait
tous étaient d’excellents Français
avec un accent portugais
kabyle, arabe ou bien maltais
on ne les contrôlait jamais
tous amoureux de la nature
tous amateurs de ganja pure
leurs parents ont servi la France
dans une guerre, une souffrance
on ne voit que leur différence
on les traite sans déférence
*****
Ainsi vont les hommes
comme les feuilles d’automne
au vent qui frissonnent.
*****
Les femmes brimées
au foyer sont arrimées
brisées abîmées.
*****
Que vienne le temps
des belles chansons d’enfants
lancées dans le vent.
*****
Il n’est pas pressé
le vieil homme tout froissé
jamais angoissé.
*****
Plus de tristes vers
plus de mélopées d’enfer.
Non au froid d’hiver,
les saisons vont à l’envers !
Trop de pleurs amers,
de bouquets jetés en mer,
va-t-en Lucifer
te perdre dans un désert.
Le bonheur offert
nous avons bien trop souffert.
Ces lugubres vers
nous rongent comme des vers.
*****
Le 14 04 2023 : (431 Haïkus)
Une larme coule
sur la peau d’un vieux sapin
quel est ce chagrin ?
*****
Refermer la porte
et que le diable m’emporte
comme feuille morte.
*****
Le bruit du canon
tout autour de nos maisons
défie la raison.
*****
Il a pris ma main
pour marcher sur le chemin
sourire mutin.
*****
Le 11 04 2023 (430: Haïkus)
Quitter le sommeil
s’ouvrir enfin au soleil
du matin vermeil.
*****
cet homme accroupi
que l’on dirait assoupi
d’alcool abruti.
*****
Le gros chien subit
les coups d’un maître endurci
docile et soumis.
*****
La douce chanson
pour bercer le nourrisson
donne des frissons.
*****
Le 10 04 2023 (429: Haïkus)
Silence figé
la terreur de fin du monde
plus de vie humaine.
*****
Il marche à grands pas
il sait où il doit aller
quelqu’un l’appelle là-bas.
*****
Deux êtres qui s’aiment
ils se tiennent par la main
au long de leur vie.
*****
Le soleil se lève
dans le ciel teinté de sang
comme un fruit croqué
*****
Le 09 04 2023:
au maître qui l’avait prise.
Un bébé venait tous les ans
qui s’imposait pour trop longtemps
un fauve lui mangeait la vie
sans se soucier de ses envies
sans s’intéresser à ses rêves
murmurés dans ses nuits de fièvre.
Des jours à laver des chemises
ça vous use et ça vous épuise
jusqu’à ce que la mort délivre
maman la douce, la naïve.
*****
Le 07 04 2023: (428: Haïkus)
Le
charmant sourire
qui
nous avait fasciné
ne
vit que dans le passé.
*****
Presque
insignifiant
un
oiselet au printemps
salue
le levant.
*****
Le
cadre est tombé
et
le verre s’est brisé
au
sol répandu.
*****
Une
mèche au vent
frissonnait
devant le front
de
l’adolescent.
*****
Le 06 04 2023:Cette chanson qui vient de loin
parler d’embruns et de marins
elle emporte nos cœurs en voyage
découvrir d’autres paysages.
Ici la vie trop monotone
sans été, l’éternel automne
une existence de tristesse
la vie nous déchire et nous blesse
les êtres que l’on a aimés
ont disparu à tout jamais
et notre face dans nos mains
nous pleurons sur nos lendemains.
*****
Le 05 04 2023: (427: Haïkus)
La gifle a claqué
sur la face de l’enfant
petit innocent.
*****
Les pas des soldats
au travers des champs de blé
creusent un sillon.
******
Le chant sur l’enclume
le marteau du forgeron
réveille au matin.
*****
Belle demoiselle
son beau rire cristallin
lave le chagrin.
*****
Le 04 04 2023: (426: Haïkus)
L’homme a sa fenêtre
qui observe l’horizon
la plaine déserte.
*****
Les vagues têtues
viennent se heurter sans cesse
contre les rochers
*****
On n’entend que ça
que les cris et la fureur
de ceux qui mourront.
*****
Chante ta chanson
celle que tu as apprise
avec ta maman.
****
Le 03 04 2023:
Voici le joli mois d’avril
le soleil sort de son exil,
les champs de blé, douce Madame
de bouquets chamarrés s’enflamment.
Pourtant notre joie légitime
semble avoir sombré dans l’abîme.
Le froid habillé de tristesse
emporte les belles promesses
trop de pauvreté et de guerres
l’humanité se désespère
les yeux fixés sur l’horizon
elle s’épuise en oraisons.
*****
Le 28 03 2023 : (420 Haïkus)
se voudrait mariée.
*****
Ces rêves brisés
et ces espoirs méprisés
bannis, remisés.
*****
Rien ne sera plus
comme tu l’avais voulu
ce temps révolu.
*****
Fine caravelle
en cette saison nouvelle
croise aux Dardanelles.
*****
Le 26 03 2023 : (421)
Je suis toujours vivant, debout parmi les morts.
Le front appuyé aux carreaux de la fenêtre,
Je regarde passer le lent convoi des êtres.
La sombre menace des nues à l’horizon
pèse de tout son poids comme une trahison.
Une attente, un espoir impatient dans les cœurs
des enfants lassés de vivre dans la frayeur.
Oubliées, les chansons apprises à l’école,
les amours secrètes, les promesses frivoles
devant nous s’est ouvert le temps du désespoir ;
la bouche effrayante d’un long tunnel tout noir.
*****
Le 25 03 2023 : (419 Haïkus)
détestent la vie sur terre
ne s’amusent guerre.
*****
que ce monde détraqué
on l’a fabriqué.
*****
On redoute le ciel
aux couleurs dorées de miel
promesse de fiel.
*****
Le sens d’un sourire
pour étendre son empire
trompe et même pire.
*****
Ma mère, dans ton paradis
assise auprès de ton mari,
tu es de nouveau jeune et belle
avec ta robe de dentelle.
As-tu enfin trouvé la paix
oublié le monde imparfait
et vos incessantes querelles
qui venaient chaque jour en kyrielles.
Maman, j’arrive près de toi,
je me blottirai dans tes bras
comme jadis, tout là-bas
dans l’épouvante des combats.
*****
Les larmes versées
par des femmes agressées
toujours offensées.
*****
Maudit soit celui
que le mal aura conduit
au seuil de la nuit.
*****
L’homme est incomplet
s’il n’a pas à son côté
un chien adopté.
*****
Dans le ciel là-haut
des nuages d’étourneaux
comme un grand drapeau.
*****
Dans ses yeux d’enfant
vit le monde triomphant
celui des vivants.
*****
La chanson d’amour
répétée au fond des cours
la joie tout autour.
******
Comment vivre encore
au milieu de tous ces morts
de l’aube à l’aurore.
*****
Que restera-t-il
des doux aveux infantiles
un rêve subtil.
****
Le 18 03 2023 : (414 Haïkus)
La roue sur les pierres
du chemin de la carrière
longe la rivière.
*****
Mais où va l’oiseau
ce merle ou cet étourneau
parmi les roseaux.
*****
Chargée de tristesse
belle comme une déesse
au port de princesse.
*****
Ta main sur mon bras
depuis bien longtemps s’ancra
elle y restera.
*****
Le 17 03 2023 : (413 Haïkus)
Partir sans regret
partir sans se retourner
laisser le passé.
*****
La feuille d’automne
aux beaux reflets roux et jaunes
n’émeut plus personne.
*****
Que rêvent les hommes
un lourd sommeil les assomme
le mal les transforme.
*****
Ton front sur ma peau
est un merveilleux cadeau
précieux comme l’eau.
*****
Le 16 03 2023 : (412 Haïkus)
L’inconnu au loin
perdu au bout du chemin
a des yeux malins.
*****
Le vent caresse
avec beaucoup de tendresse
les blés des abbesses.
*****
Le chardonneret
sur la branche d’olivier
chante guilleret.
*****
Tu n’iras jamais
dans ce monde trop parfait
dont Dieu nous parlait.
*****
Le vent cette nuit
poussa des cris de gorille
et d’étranges trilles.
*****
Devant leur école
des filles faisaient les folles
dans leur farandole.
****
Le premier frisson
deux enfants à l’unisson
chantent leur chanson.
****
Le regard porté
sur un beau rêve avorté
plein de volupté.
*****
Le 14 03 2023 : (410 Haïkus)
Comme une chanson
c’est un délicieux frisson
de fleurs aux buissons.
*****
Et le bruit de bottes
résonne comme une faute
au chant des despotes.
*****
Quand viendra le chant
à la gloire des enfants
la fin des méchants.
*****
La goutte de lait
entre ses lèvres perlait
l’enfant s’endormait.
*****
Le 13 03 2023 : (409 Haïkus)
Dans la main fermée
une vie qui est passée
partie en fumée.
*****
Elle a dit je t’aime
alors il a fait de même
la vie les emmène.
*****
Le ruisseau s’épuise
et sa vie est compromise
sa force agonise.
*****
La lueur là-bas
qui décline sans fracas :
un rêve au trépas.
*****
Cet homme brisé
revit à tout petits pas
son lointain passé.
*****
La cloche au beffroi
vient jeter encor l’effroi
ce matin de froid.
*****
L’enfant à genoux
se répète des mots doux
rêve de bisous.
*****
Le soldat couché
à la poitrine touché
ne peut plus bouger.
*****
Le 11 03 2023 : (407 Haïkus)
L’oiseau dans le ciel
redit la beauté du monde
ivre de soleil.
*****
En longeant le pont
les deux amants s’en vont
vers ce qu’ils seront.
*****
Il a tant promis
sa maison des tamaris
elle dira oui.
*****
Le cheval fourbu
ne se relèvera plus
il en a trop vu.
*****
À l’instant la nuit tombe
Boum ! Il goutte des tombes
partout sur l’univers
nous tournons à l’envers.
Comme un vent de folie
de France à l’Australie
l’humanité s’égare,
nous sommes des Icare
nous nous brûlons les ailes.
Dessus les citadelles
partout pleuvent les bombes
qui chantent l’hécatombe.
Les princes qui gouvernent
avec leurs balivernes
répandent la discorde
en promettant la corde.
Dieu ! Où vous cachez-vous ?
L’homme est devenu fou !
*****
sur le temps d’ici-bas
qui marche d’un bon pas
et nous mène au trépas.
La vie est un banquet,
des fleurs en un bouquet,
dont on doit profiter
en jouir sans hésiter
nos jours nous sont comptés
sans aucune équité.
Vis, mon frère poète
chaque heure est une fête.
*****
Penché sur l’écritoire
il invente une histoire
pour raconter le rêve
d’un soleil qui se lève
d’un amour qui veut naître
et réunir deux êtres.
Mais le conte inventé
sera-t-il vérité ?
Il suffirait qu’ailleurs
languisse un autre cœur
esseulé sur la lande
que le Seigneur entende.
*****
poursuivre un seul rêve
dès que le jour s’achève
maîtriser son destin
rechercher son chemin
mériter le nom d’homme
tout assumer en somme
de victoire en défaite
d’une vie imparfaite
ne pas baisser la tête
ne pas battre en retraite
Dieu, qu’il est difficile
notre univers hostile
toutes ces tentations
mènent en perdition.
Protéger sa famille
ses fils et puis ses filles
son épouse gentille
et sa grâce infantile.
*****
Le ciel fait grise mine
les nuages culminent
le vieil homme chemine
sur la route il rumine
que sa vie se termine
dans la nuit d’opaline
il redit la comptine
de sa maman câline
occupée en cuisine
elle évoquait la Chine.
L’horizon se dessine
à la pointe sanguine.
Marche, pauvre vieillard
pour chasser ton cafard
*****
L’oiseau léger qui vole
au-dessus des coupoles
ne doit pas nous tenter :
dans le monde éhonté
l’homme aussi sait voler
tout orgueil oublié,
il ose massacrer
comme l’aigle sacré
il n’est rien à envier
aux tigres de papier
nous sommes tous capables
innocents ou coupables
du meilleur et du pire
le mal est nore empire.
Sur l’épaule jeté
l’ample manteau de brume
il revient fatigué
des souvenirs posthumes.
Il voulait visiter
le monde et son histoire,
pour se les raconter
se remplir la mémoire
avant de revenir
dans son pays natal
enfin se recueillir
sous le ciel de cristal.
Il ne veut plus marcher
il n’a rien découvert
la vie l’a détaché
il revient de l’enfer.
*****
Le monde serait beau
sans ce fatal fléau
qui pourrit les ruisseaux
et chasse les oiseaux.
Il détruit tous les rêves
des remparts il élève
des murs infranchissables
des peurs insurmontables.
L’autre est cet ennemi
ce monstre compromis
dans toutes ces horreurs
justifiant la terreur.
Le 17 02 2023 : (395)
La jeunesse pressée
trop souvent agressée
se cherche un idéal
de voyage spatial
de destin impérial
tout sauf familial.
Nous la voyons courir
droit vers le souffrir,
mais que pouvons-nous dire
qui ne soit pas délire ?
Les années qui défilent
font de nous des fossiles.
*****
Le 16 02 2023 : (394)
Pourquoi t’en prendre à Dieu ?
C’est abuser des vieux !
Si tu n’es pas heureux
tâche de vivre mieux
d’être moins sourcilleux
de moins traîner au pieu.
Travaille à ton bonheur
fixé sur ton labeur,
n’attends plus rien des autres
il n’y a plus d’apôtre
Quelque part en ce monde
on veut que tu répondes.
*****
Le 15 02 2023 : (393)
Le monde tressaille d’effroi
à chaque fois que, maladroit,
l’homme déclare une guerre
pour engendrer une misère.
Il est toujours de grands savants
pour expliquer nos bas penchants
pourquoi ne nous disent-ils pas
comment ne pas sombrer si bas ?
Les petites voix de raison
ne s’élèvent pas par foison
et l’humanité résignée
ne restera pas épargnée.
Le 14 02 2023 : (392)
Ces injonctions d’aimer
sur le calendrier
blessent les amoureux
On aime quand on veut
Cet ange délicieux
rebelle et capricieux
se montre généreux
et souvent coléreux
est rétif à ces chaînes
reste le capitaine
de tous calendriers de la mi-février.
Le 12 02 2023 : (391)
Cherche dans ton triste passé
les instants qui t’ont fracassé
que toujours tu as ressassés
impuissant à les surpasser.
Clos la porte de ton esprit
à tous ces souvenirs maudits
vis enfin des jours inédits
que tu te pensais interdits,
le beau est encore en ce monde
qui montre trop souvent l’immonde.
Notre existence est bien trop brève
prends la avant que ne s’achève.
*****
avec ses ports et ses amers
toujours des bateaux en partance
pour des archipels de vacances
toujours des malles oubliées
toujours des voiles repliées
des rêves qu’on a sacrifiés
et tant d’efforts gaspillés
au nom d’un avenir rangé
paisible et sans aucun danger.
Ainsi notre jeunesse passe
et sur le sable elle s’efface.
*****
L’homme marche à tout petits pas
où va-t-il, il ne le sait pas.
Il s’engage dans la venelle
pris par une fièvre nouvelle.
Il recherche sa belle enfance
le temps béni de l’innocence.
Personne ne l’a remarqué,
c’est une ombre des temps passés,
un être qui n’existe plus
aux oubliettes révolu.
Il fut pourtant un beau jeune homme
croquant la vie comme une pomme
*****
Le 07 02 2023 : (388)
le jardin restera mutique,
en proie au silence pudique.
Le printemps voudrait se montrer
mais où s’est-il séquestré ?
De quoi voudrait-on nous punir ?
Le temps figé sans avenir,
Je voudrais tant qu’une mésange
au rouge-gorge se mélange
pour le triomphe du printemps
offert aux hommes méritants.
*****
Le 06 02 2023 : (387)
Il suffit d’un rayon de soleil
pour nous tirer du grand sommeil,
de l’appel d’un petit enfant
pour nous propulser droit devant,
puisque la vie n’est qu’une attente
une longue quête hésitante.
On voudrait un amour parfait
comme ceux que l‘on décrivait
dans les légendes d’autrefois
où la belle dans le beffroi
attendait le fils d’un grand roi
qui aurait pu être toi ou moi.
*****
Bien sûr, n’oublions pas l’amour
qui devrait éclairer nos jours.
Bien sûr, n’oublions pas le monde
qui nous entraîne dans sa ronde.
Surtout, n’oublions pas nos frères
qui se partagent leur misère.
Cela nous consolera-t-il
du désenchantement subtil
et de cette inhumanité
marquée par tant d’indignité ?
Pourquoi obsédés par le temps
vivons nous en nous tourmentant ?
*****
Le 04 02 2023 : (385)
On voudrait garder avec soi
les merveilleux premiers émois,
la belle candeur d’un serment
que l’on prononce tendrement,
la récompense d’un sourire
d’une caresse qui chavire.
Mais aujourd’hui si l’on tressaille
ce sont les ans qui nous assaillent
et nos pas hésitent toujours
nos randonnées ne sont qu’un tour
de notre jardin familier,
fini le chemin d’écoliers.
*****
Le 03 02 2023 : (384)
Finalement n’est-ce que ça,
se demandait le grand-papa
sur le perron de l’au-delà
parlait il de la vie ou pas
qu’il avait gravie à grands pas
ou évoquait il son trépas ?
Ses jours avaient filé tout droit
sans qu’il ne sache le pourquoi.
Il était là, désemparé
il ne s’était pas préparé
Finalement n’est-ce que ça,
la vie passée, la mort déjà.
*****
L’arbre nu pleure sang et eau,
l’hiver a chassé les oiseaux.
Les deux cœurs gravés au couteau,
sur le tronc cédé aux corbeaux
chantent Juliette et Roméo
qui s’aimaient au bord du ruisseau
à la saison du renouveau.
Un vieil homme sous son chapeau
se rappelle les jouvenceaux
qui se cachaient dans les roseaux
pour des voyages immoraux
délicieux frissons sur leur peau.
*****
C’est le premier soufflet
comme un coup de sifflet
pour rappeler à l’ordre
quand la rage déborde.
Pour la première fois
un rappel à la loi
et le bon compagnon
se transforme en démon.
Un coup de poing sous l’oeil
et commence le deuil
d’un amour outragé,
d’un amour ravagé.
Il ne restera rien
que victime et vaurien.
Un bonheur dévasté
un mâle fracassé
une femme détruite
réfugiée dans la fuite.
La peur mêlée de haine
la violence inhumaine.
*****
Les visages défilent
des amis de la ville
anxieux ou bien tranquilles
impatients ou dociles
à nos côtés un an
regagnent le néant
disparaissent souvent
dans les replis du temps
reste le souvenir
léger comme un soupir
d’un passant amical
au rire de cristal
*****
Au bout de cette route
il trouvera sans doute
le rêve qu’il suivait
d’aimer à tout jamais.
Rien d’autre n’importait
ce songe le portait.
À force de marcher
à force de chercher
il eut des aventures
qui laissent des blessures
mais d’un pas obstiné
il va comme un damné.
*****
Sur le grand tableau noir le maître a dessiné
un oiseau bigarré, un beau chardonneret,
de ceux qui vivent dans les blés et les guérets.
Dehors, le soleil brûlait l’air de cet été,
dedans, tous les enfants peinaient à respirer.
Un élève parmi les autres inspiré
repoussa de la fenêtre les deux volets
et un courant d’air salvateur a déferlé.
Sur le panneau de bois, l’oisillon réveillé
se mit à battre des ailes et à frissonner,
comme dans un rêve finit par s’envoler
ivre de sa liberté pour batifoler.
*****
Le 26 01 2023 : (377) Haïkus.
Bien avant l’été
un oiseau a décidé
d’aller parader
*****
Une longue plainte
terrible douleur non feinte
la mortelle étreinte
******
Où va l’animal
sur la berge du canal
au froid hivernal
*****
Les mains sur les yeux
de ce pauvre petit vieux
toujours silencieux.
*****
Saisir la beauté d’un sourire
qui au bonheur pourrait suffire,
l’éclat furtif d’un doux regard
dans la grisaille et le brouillard,
le piquetis des talons hauts
l’aile des cils comme un oiseau.
Telle une apparition magique
comme un tableau allégorique
ces présents que la vie nous donne.
Jeter ce qui nous empoisonne.
Que le voile noir se déchire
loin de nos yeux et les délivre.
*****
Le 22 01 2023 : (375)
Les ans nous pèsent sur le dos
comme un impossible fardeau
et ils blanchissent nos cheveux
nos jours se succèdent pluvieux
mais nous sommes toujours ensemble
tu me veilles et je te contemple
comme si nous avions vingt ans
avec le cœur toujours vaillant
Dieu sait comment sera demain
nous ne lâcherons pas nos mains.
*****
Pourquoi toujours se réveiller
le corps encore ensommeillé
dans cet univers imparfait,
parmi des hommes stupéfaits
de survivre tant bien que mal
guidés par l’instinct animal.
Partout cette ségrégation
protège les générations
et l’esprit pervers des nations.
Je rêve d’un grand tourbillon,
du réveil de notre conscience
et d’un retour de la confiance.
*****
Il a fui son pays natal
chassé par un conflit fatal
avec un sentiment létal
l’homme se muait en chacal.
La haine sur un piédestal
glorifiait un chant martial.
Il a laissé là ses souvenirs
et ses beaux rêves d’avenir
il a serré dans sa valise
quelques tricots, une chemise
pour recommencer une vie
si loin de sa terre asservie.
*****
Et si tu marches ou tu crèves
tu iras plus loin que tes rêves
du matin au jour qui s’achève
la passion au bord de tes lèvres
chante la beauté de ce monde
avant que le froid ne t’inonde
*****
Assis sur une chaise basse
il observe la vie qui passe
une existence à la ramasse
des gens qui rient et qui jacassent.
Fidèlement sur sa terrasse
devant sa porte il se prélasse
que d’autre voulez-vous qu’il fasse ?
Il a cassé de la caillasse
sous l’uniforme de bidasse
où l’on espérait qu’il trépasse.
Aujourd’hui il est bien trop vieux
pour espérer un peu de mieux.
Le ciel noir pleure sur notre monde
sur notre humanité immonde
qui brandit le feu et la mort
derrière les murs des châteaux forts.
Mais quand reverrons-nous le temps
de la fraternité d’antan ?
Nous courons derrière le vent
nous vénérons le dieu Argent,
le diable a perverti nos âmes
il a pourri princes et dames
et si nous rêvons aujourd’hui
c’est de la candeur qui s’enfuit.
*****
Je voulais écrire un long et savant poème
pour te raconter le doux sentiment extrême
qui m’anime et me fait vivre dès le matin
il me plonge dans l’attente de mon destin.
J’ambitionnais de choisir des mots délicats
ceux que le poète romantique trouva
mais après avoir lancé des appels suprêmes
je ne pus te murmurer qu’un pauvre je t’aime.
*****
Le 07 01 2023 : (368)
Les arbres sont nus
plus d’oiseaux dans mon jardin
plus de fruits charnus
le ciel rouge le matin
les nuages toujours pendus.
*****
il a plu cette nuit comme pleure un enfant
envahi d’un mystérieux chagrin étouffant.
Un désespoir soudain qui s’abat le matin
un châtiment divin, féroce et assassin.
Il a plu cette nuit et le temps qui s’enfuit
nos espoirs, nos secrets il emporte avec lui.
Vienne enfin le soleil pour éclairer le ciel
et repeindre avec des reflets d’or et de miel
pour sécher les ruisseaux, réveiller les oiseaux,
qu’une brise légère caresse les roseaux.
Il a plu cette nuit et cette eau salutaire
lavera tous les péchés de la pauvre terre.
*****
Sur le chemin des écoliers
naissent les rêves par milliers
les plus fous et les familiers :
traverser les mers en voilier.
Combien arriveront à terme
avant que leurs vies se referment
et le destin qui les gouverne
dans leur odyssée moderne
hisse bien haut une lanterne
à la cime d’une poterne.
Puis les poètes de jadis
glissent au fond du précipice
Le 2 01 2023 : (365)
Il est de ces matins
au ciel couleur de vin
où l’on aimerait bien
vivre sans lendemain.
Cette vie nous inflige
des maux qui nous affligent.
Rien ne sera jamais
comme ce qu’on rêvait
il faudra disparaître
partir ou se soumettre,
à la logique absurde
d’un sort de solitude.
****
Le 31 12 2022 : (364)
Les guirlandes sur le sapin
ne ravissent que les bambins,
la maman songe au lendemain
où elle se brisera les reins
en balayant avec entrain
toutes les aiguilles de pin.
C’est un ouvrage de titan
une peine sans jugement
qui se perpétue dans le temps
sans finir jamais cependant
répété encore et encore
pour tous les êtres qu’elle adore.
*****
Viendra le jour tant attendu
où il faudra bien entendu
rendre un compte au père éternel
comme le commun des mortels.
Je le rencontrerai sans peur
je lui dirai mon bon Seigneur
j’ai vécu sans jamais blesser
sans jamais oser délaisser
ceux que je devais protéger
dont je me sentais le berger.
Mon Dieu ferme derrière moi
la serrure de cet endroit
avant que ne vienne l’envie
d’entreprendre une autre vie.
*****
Qui entend encor
les sabots qui cognent fort
la corne du port.
*****
La tête penchée
de maman inquiétée
pendant la tétée.
*****
Cet homme arrogant
avec son air important
n’est qu’un vrai brigand.
*****
Le manteau de neige
dessus la nature vierge
comme un sortilège.
*****
Le 27 12 2022 : (362)
Tous les petits vieux
aujourd’hui ne sont pas mieux
dans ce monde odieux.
*****
Et la solitude
cette cruelle habitude
dure servitude.
*****
Trop de souvenirs
pour un trop mince avenir
que vienne enfin le mourir.
*****
Revoir leurs enfants
sera leur jour triomphant
sortir du néant.
*****
Le 26 12 2022 : (361)
Le chant militaire
sème un venin délétère
sur la terre entière.
*****
Quand viendra la paix
sur un avenir parfait
peut-être jamais.
*****
Parmi les étoiles
bien plus légère qu’un voile
l’âme virginale.
*****
Je voudrais ta main
garder jusqu’au lendemain
de la fin des fins.
*****
Et je m’en irai
de ce vieux monde imparfait
où tout devient laid.
*****
et notre univers s’écroule
la tourterelle roucoule.
*****
Qui nous le dira
qu’hélas on ne pourra pas
savoir plus que ça.
*****
La joie de l’enfant
au regard reconnaissant
envers ses parents.
*****
Le train mène au loin
des centaines de destins
qui vont vers leur fin.
*****
Qui saura jamais
tous le secrets que l’on tait
ceux qui nous ont faits
*****
Douce demoiselle
frappée de passion mortelle
se jurait fidèle.
*****
Le ciel enflammé
nous dit le plus bel été
qu’il n’aura jamais été.
*****
Le 21 12 2022 :(357)
La vie n’est plus rien
sans un futur incertain
à portée de main.
*****
Un enfant qui dort
tandis que gronde au dehors
la rumeur des morts.
*****
Le vent de l’automne
dans les récoltes bouillonne
colère brouillonne.
*****
Dans les temps de guerre
il n’est ni père ni mère
qui ne désespère
****
Où va-t-il si loin
le roi des oiseaux marins
vivra-t-il pour rien ?
*****
Un homme qui pleure
enfermé dans sa demeure
mesure les heures.
*****
Si le monde est triste
dans l’humanité autiste
désertons la piste.
*****
La femme nourrit
le nouveau-né tout petit
elle lui sourit.
*****
L’éclair dans le ciel
déchire tous les beaux rêves
des enfants des rues.
*****
Demain le ruisseau
se mêlera aux rivières
atteindra l’océan.
*****
Tout finit un jour
ainsi meurent les projets
usés par le temps.
*****
Je ne verrai plus
les amis de mon enfance
dispersés au loin.
*****
Les saisons qui passent
et nos aînés qui trépassent
rien ne les efface.
*****
Le roseau pensant
n’a pas trouvé cependant
la porte du temps.
*****
Ordonner à l’enfant
qu’il doit jouer calmement
c’est calmer le vent.
*****
Tu n‘as pas aimé
tu n’as jamais enduré
le mal des trompés.
****
Où est cet enfant
que nous avons fait ensemble
il ne nous ressemble
guère plus en grandissant
il est si loin que j’en tremble
qu’a-t-il fait de nos exemples ?
*****
Un verdict rapide
et la foule qui les lapide
ces amants traqués
ont été exécutés
pour s’être trop adorés
*****
Ce papier jeté
sur ce trottoir écarté
est-ce un mot d’amour.
*****
La sirène au loin
annonce un paquebot
regagnant le port.
*****
L’enfant suit l’aïeul
qui lui raconte sa vie
comme une merveille.
*****
Les heures captives
sous le verre de l’horloge
ressassent le temps.
*****
La neige s’envole
pétales de cerisier
au début d’automne
*****
Le sol enneigé
dissimule le secrets
du terrible été
*****
Cet homme devant
se déplace en titubant
pareil à l’enfant
Que vienne enfin le joli temps
des premières fleurs de printemps
des lilas parme et lilas blancs.
Que la glace quitte l’étang,
qu’on entende le joli chant
des oiseaux au milieu des champs,
et les cris joyeux des enfants
perdus dans leurs amusements.
Je ne veux plus jamais sentir
ce froid qui me fait tant souffrir,
qui compromet mon avenir
et engourdit mes souvenirs.
*****
est tombé dans le vin
comme il aime le rouge
il veut que rien ne bouge
il boit, il boit, il boit
un doigt, deux doigts, trois doigts,
jusqu’à ce qu’ivre-mort
heurtant sur tous les bords
il tombe sur le sol
dans un désir d’envol.
*****
Le 10 12 2022 : (348)
Je ne serai plus que silence,
je perdrai toute ma conscience
quand présent et futur effacés
dans le néant de mon passé
je me loverai dans tes bras
et j’accueillerai mon trépas.
Bientôt ce jour arrivera
Dieu seul quand il adviendra.
Si tout près de moi tu seras
le paradis nous recevra.
Et si tu veux vivre sans moi,
en enfer j’irai sans effroi.
****
*****
Le
07 12 2022 : (345)
J’ai
gaspillé bien trop de temps
à
pourchasser obstinément
les
rêveries de mon enfance
qui
me torturent quand j’y pense :
l’envolée
des plus fins voiliers
qui
ne cessaient d’appareiller
sur
le chemin des écoliers
que
je ne peux pas oublier.
Aujourd’hui
je suis étranger
dans
un perpétuel danger,
le
silence de cathédrale
comme
une menace fatale.
*****
J’ai gaspillé bien trop de temps
à pourchasser obstinément
les rêveries de mon enfance
qui me torturent quand j’y pense :
l’envolée des plus fins voiliers
qui ne cessaient d’appareiller
sur le chemin des écoliers
que je ne peux pas oublier.
Aujourd’hui je suis étranger
dans un perpétuel danger,
le silence de cathédrale
comme une menace fatale.
Le 06 12 2022 : (344)
Si le Créateur avait eu deux sous de jugeote, il aurait placé nos pieds au niveau des genoux. Il ne sait pas le mal que l’on se donne à lacer nos souliers à partir de cinquante-cinq ans. Il semble que nos bras rétrécissent chaque jour un peu plus.
******
Un rayon de soleil doré,
un cierge qu’on a éclairé,
l’étrange parfum de l’encens,
une cloche que l’on entend
chanter la sortie de la messe
et du dimanche la promesse.
Les petits bonheurs de l’enfance
la saveur de notre innocence.
Aujourd’hui, notre monde est fade
et nos jours trop souvent maussades.
Refaire un chemin à l’envers
abandonner enfin l’hiver.
*****
Marcher, avancer chaque jour
comme un cheval dans les labours
en traînant le poids de la vie
de nos regrets de nos envies.
Nous irons au bout du chemin
mus par un funeste destin
sans savoir où sera la fin,
sans maîtriser nos lendemains.
Pareillement vont les ruisseaux
charrier et porter leurs eaux
obstinément vers l’océan
ainsi allons-nous au néant.
*****
Elle voudrait qu’on l’aime encor
avec son âme avec son corps
avant que ses traits ne s’effacent
comme les nuages qui passent.
Elle aimerait mille promesses,
les beaux serments de sa jeunesse
qui ont séché dans son journal,
dans son petit carnet de bal.
Elle était devenue un port
où des soupirants presque morts
venaient jeter leurs illusions
le souvenir d’une passion.
Au fond de sa tête, endormis
des rêves d'étreinte à midi,
dans les bras d’un homme attendri,
un compagnon ou un mari.
*****
Peut-on aimer l’humanité
l’auteur de ces calamités
toutes ces guerres éternelles
qui massacrent, qui écartèlent,
il y a plus de compassion
dans le regard d’un nourrisson
que dans les yeux des généraux
et dans leurs refrains immoraux.
Qu’il vienne, ce divin sauveur,
pour nous délivrer de la peur,
j’aspire à ce matin radieux
qui me fera croire en un Dieu.
*****
La pluie déplace des montagnes
et tant de larmes l’accompagnent,
la nature parfois cruelle
à notre humanité rappelle
qu’elle dira le dernier mot
en nous infligeant tous ses maux,
les incendies et les orages
pour nous punir de ces ravages
qu’autour de nous, nous provoquons
en franchissant le rubicond.
Ah, la triste misère humaine
Dieu sait où cela nous emmène...
Dans les tourbillons du torrent
nos souvenirs partent en courant.
Où sont nos moulins de papier
arraché à nos vieux cahiers,
et nos navires fabriqués
par le professeur confisqués
et tous nos rêves adorés
que les années ont dévorés ?
Tous les remous impétueux
dispersent ces instants précieux
que nous gardions dans notre cœur
pour nous préserver du malheur.
*****
J’aurai du mal à renoncer
à la douceur du temps passé,
aux serments d’amour prononcés,
aux matins dans les draps froissés,
aux frissons, au goût des baisers,
à l’appel d’un enfant caché
au chant de l’oiseau au printemps,
aux reflets d’argent sur l’étang,
au ciel de feu au couchant,
à la chanson d’un fou chantant,
à tous ces riens insignifiants
qui m’ont fait aimer le vivant.
Le 24 11 2022 : (335)
Longtemps, je me suis éveillé
avec l’esprit ensoleillé
et des projets pour la journée.
Aujourd’hui ma joie est mort-née
et je me demande au matin
si du jour je verrai la fin.
Les feuilles du calendrier
décomptent le temps gaspillé,
les heures passent en torture
et mon cœur n’est plus que blessures.
Je crains que mon chemin s’arrête
et que se termine la fête.
*****
Homme sage, tu chériras
à l’instant où tu périras
ton papa, ta maman et Dieu
qui habiteront dans les cieux.
Tu les retrouveras heureux
dans leur paradis mystérieux
où ils te feront une place
plus somptueuse qu’un palace.
Tu oublieras ta mort soudaine,
ta pauvre condition humaine
pour vivre en toute éternité
avec ceux que tuas aimés.
*****
Rejeter les ressentiments
qui enveniment notre sang,
oublier les mauvais moments
et dévorer bien goulûment
ce que nous offre le printemps,
laisser les morts au firmament
où ils vont éternellement
si loin de tous les vivants.
Ainsi chacun vivra son temps
dans l’insouciance des enfants.
Je veux finir paisiblement
****
Pourquoi revenir sans arrêt
sur le passé qui reparaît
pour encore nous tourmenter
nous meurtrir et nous torturer
nos parents n’étaient pas odieux
ils nous élevaient pour le mieux
ils ménageaient notre intérêt
pourquoi irions-nous déterrer
de vieux fantômes moribonds
qui ne réveillent rien de bon
chaque jour vient panser les maux
de nos souvenirs en lambeaux.
****
Le bleu dans le ciel
le rouge des feuilles vermeil
qui vola le blanc
*****
La pluie est tombée
tout au long de la journée
c’est la destinée
*****
Un petit enfant
déambule triomphant
parmi les passants
*****
Un oiseau tombé
qui donc l’aurait foudroyé
l’esprit dévoyé
*****
Ignorer ces temps tourmentés,
garder les bonheurs de l’été,
oublier les mauvais moments,
marcher d’un bon pas vers l’avant,
voilà ce que la raison
aurait voulu dans nos maisons,
mais nous hurlons notre colère
en face de tant de misères.
Nous serrons les poings et les dents
nous luttons à corps défendant,
emprisonnés dans une nasse
vaillants quand la mort nous menace.
Il courait à tout petits pas
il semblait ne respirer pas
pour ne pas perdre une minute
s’exposant au risque de chute.
Qu’est-ce qui ne pouvait attendre :
L’urgence d’un souvenir tendre ?
Le tourment de perdre un ami,
le réveil d’un mal endormi,
Non, le vieil homme si pressé
tenait à être confessé
afin de livrer ses péchés
avant de mourir empêché.
Non, jamais je n’effacerai
le doux chant des chardonnerets
que mon père et moi allions capturer
avec des nasses et des filets
pour les enfermer dans les cages
afin de jouir de leur ramage.
J’apprenais donc le cruauté
commune à toute humanité.
Est-ce ainsi qu’on doit élever
son enfant dont on a rêvé?
Ce jour me reste dans la cœur
cette tache qui me fait peur.
*****
Le 15 11 2022 : (326)
Là-bas, il est un ciel sauvage
qui ne verse jamais d’orage,
les arbres sont privés de fruits,
les oiseaux ne font pas de bruit,
le silence fige la terre.
On n’y prie pas ni ne vénère,
on subit les feux de l’enfer,
l’existence a un goût amer,
les hommes naissent pour souffrir,
pas de présent, pas d’avenir,
il leur faut payer leurs erreurs,
leur monde est livré à la peur.
IMAGES D’ENFANCE:
Moi, les vagues et les rouleaux.
Moi, l’écume comme troupeaux,
avec l’azur dessus dessous,
la caresse du soleil doux,
et le sifflet d’un compagnon
qui voudrait jouer au ballon.
L’odeur de la tomate frite
le sang d’une guerre maudite.
Gravir le vieux chemin de pierres
porter des fleurs au cimetière.
Les miens égarés dans la foule,
ballotés comme dans la houle.
L’avion décolle sur la piste
nous resterons muets et tristes.
Le 13 11 2022 : (324)
De longues écharpes de brume,
petit matin gris qui s’allume,
l’appel du clocher du village
comme perdu dans un naufrage,
des spectres recroquevillés
sur les chemins éparpillés
apparaissent et disparaissent
ce sont les âmes pécheresses
en quête de ce paradis
que le Seigneur leur interdit.
Dans cette fantasmagorie
survivre est une tromperie.
*****
Le temps dépose chaque jour
une dalle sur nos amours
il enterre nos souvenirs
pour nous empêcher de souffrir.
Notre vie s’envole en fumée
de notre mémoire abimée
et nos espoirs désespérés
aux oubliettes retirés.
Quand viendra l’heure de partir
nous irons comme des martyrs
présenter notre repentir
au Tout-Puissant pour en finir.
*****
Comme un mal profond
un grand froid dans la maison
revient sans raison
me tourmenter de questions
sur ma lente destruction
*****
Un rêve est passé
son sillage dans le ciel
creuse une balafre
*****
Où vont ces voiliers
qui parcourent le monde entier
pour des flibustiers.
*****
La perle de lait
sur ses lèvres de bébé
un rêve qui nait.
*****
Quand finira-t-elle
cette guerre de dentelles
querelle éternelle.
*****
Le feu prisonnier
dans votre cœur de papier
a tout incendié.
*****
Dessus le vieux fourneau en fonte
deux fers à repasser racontent
la triste histoire de maman
dont la vie serait un roman :
une famille et ses tourments
pour une fille subir ses parents
les lessives et le ménage
les années comme un engrenage
ne pas pouvoir se révolter
que des douleurs à récolter.
Voilà la dure condition
de la femme en soumission.
*****
Parfois me prend une terrible
envie de repeindre le monde
avec des couleurs plus paisibles
pour que le soleil nous inonde.
Du bleu pur dans le coeur des hommes
et que vienne enfin un espoir
de chasser le gris de l’automne
et de la tristesse le noir.
Partout la monstrueuse haine
transforme l’amical sourire
en laide grimace inhumaine
je voudrais l’amour reconstruire
*****
Le 07 11 2022 : (318)
Un dimanche de printemps, sur une terre lointaine qui n’existe plus. Ma famille était de sortie, à pieds. C’était un temps où les rares voitures n’envahissaient pas les rues et la télévision n’avait pas encore entrepris son œuvre néfaste en enfermant les gens dans leur maison. Maman guidait la poussette où gigotait mon frère, le dernier venu. Je tenais le guidon de la poussette d’une main, et de l’autre, je m’accrochais à ma petite sœur. Nous marchions de front sur le trottoir : maman, moi, ma sœurette et papa qui paraissait frais car nous avions attendu la fin de sa sieste pour nous rendre au jardin public. Sur la voûte des platanes, le soleil brillait, comme toujours. Nous, les gosses, nous étions impatients d’arriver dans l’ombre du parc où nous attendait le marchand d’oublies, ces délicieuses gaufrettes croustillantes et sucrées enveloppées dans un carré de papier blanc. Il attirait les gosses en faisant claquer une crécelle. Quand nous approchions de lui, il posait son énorme fût d’aluminium peint en rouge et nous servait en roulant des yeux gourmands.
Il nous fallait longer la grande avenue avant d’apercevoir enrochement d’une cascade qui marquait l’entrée du jardin public. Nous nous situions cent mètres à peine des toboggans, des balançoires, des trapèzes et des anneaux où s’agglutinaient des grappes de gamins. Malgré moi, j’accélérais le pas, pressé de jouer au singe sur les agrès.
Soudain, au bout de l’avenue, une énorme déflagration fracasse la petite musique diffusée par les manèges. Une bombe. Des corps humains sont projetés dans l’air, des cris, des hurlements d’effroi, des plaintes. Papa nous jette en arrière et nous nous mettons à courir. Haletants, nous revenons à la maison. Nous n’avons pas eu le temps de savourer notre oublie. Nous ne reprenons le pas que lorsque l’avenue se vide de ses fuyards. Un dimanche
comme tant d’autres, dans ce pays meurtri par la guerre.
*****
Mon regard sur toi
mon petit enfant mon roi
tu ne vois que moi
*****
Et tous les matins
l’astre du jour au lointain
fait son cabotin
*****
Partout dans la ville
des jeunes garçons et filles
forment des vœux difficiles
*****
Au sommet des lames
un frêle bateau entame
sa course à la rame
*****
Courir plus vite que le vent,
sans se retourner, droit devant,
fuir cet univers si violent
où il est bon d’être insolent
où l’on méprise les enfants
à l’heure du mal triomphant.
Que revienne enfin le temps
de ces amoureux exaltants
qui déclamaient sous les balcons
leurs plus délicates chansons.
Jamais plus nous ne reverrons
à genoux les jeunes garçons.
*****
La rose qui s’accroche encore
à cet automne qu’elle implore
pour une semaine de vie
quelques heures de poésie.
Nous tous dans notre solitude
usés par trop de lassitude,
nous espérons un an ou deux
avant de devenir gâteux
pour jouir de matins dorés
aux côtés de l’être adoré
et qu’ensuite notre destin
parvienne à s’accomplir enfin.
*****
Le ciel bleu d’azur
d’un bleu d’acier pur et dur
couvre nos futurs
*****
Le regard baissé
de pauvre animal blessé
l’amoureux laissé
*****
Sur la peau de l’eau
une balafre au couteau
l’aile d’un oiseau
****
Chaque jour, on crie plus jamais
de ces assassinats si laids
qui injurient l’humanité.
Des supplices non mérités
pour des compagnes asservies
à qui l’on a ôté la vie.
Un tyran cruel et pervers
à coups de poings ou révolver
perpétue le crime infâme
de tuer une faible femme.
Le progrès ne rien y faire
pour achever l’odieux calvaire.
*****
Quand viendra la fin du chemin
dans un mois, un an ou demain ?
Serai-je prêt au bon moment ?
Partirai-je résolument,
serein, sans une larme à l’œil
en abandonnant sur le seuil
mes remords avec mes regrets
pour accepter la vie d’après ?
Au terminus du long voyage
j’abandonnerai mes bagages
avec mon vieux corps fatigué
d’avoir beaucoup trop bourlingué.
*****
Le 29 10 2022 : (310)
je promène un pas fatigué,
un cygne alangui se faufile
dans un bouquet de joncs graciles.
Au loin, sur le miroir d’acier
les canards aux oies associés
mènent un bal désordonné
en poussant des cris passionnés
soudain le silence figé
accueille un soleil allongé.
Autour d’un étang familier
le jour se retire humilié.
*****
Dieu ! Dans quel monde vivons-nous ?
Nous faudra-t-il vivre à genoux
à implorer une clémence
de la céleste éminence
pour qu’elle consente à venir
s’occuper de notre avenir ?
Nos prières resteront vaines
toujours dominera la haine,
le cynisme des plus puissants
face aux faibles obéissants.
Peut-être enfin le jour viendra
où le Seigneur interviendra...
*****
Où partent les merveilleux rêves
les divagations des élèves
pendant l’ennuyeuse leçon
que nous tous connaissons ?
volent-ils tels des oiseaux
au-dessus des mers, des ruisseaux ?
Plongent-ils dans les profondeurs
pour échapper à la laideur ?
Ils sont là où sont tous les anges,
dans le ciel d’un bleu sans mélange,
où personne ne les dérange
où la beauté jamais ne change.
*****
Le 26 10 2022 : (307)
Quand l’homme se souciera plus
de sa piètre moralité
que de vulnérabilité
plus sage il sera devenu.
Dans son univers égoïste
il tremble de peur tout le temps
pour des périls inexistants
cerné de voisins terroristes.
Il ne connaît jamais de paix
le monde autour peut s’effondrer
pour lui, son bien le plus sacré
son argent dont il se repaît.
*****
Un rire d’enfant
détient ce charme innocent
des contes d’antan
*****
Neige sur le mont
habille de blanc coton
cet automne moribond
*****
Jeune adolescente
chasse la mèche impatiente
sur sa joue d’infante
*****
Cette vieille dame
affronta bien trop de drames
pour garder son âme
*****
L’homme, cet être si terrible
brise sa victime fragile
avec une rage imbécile.
Ce titan aux talons d’argile
détruit pour des raisons futiles
cause des morts inutiles.
Que l’on ne ma raconte pas
qu’il n‘est pour rien dans ces trépas
le désespoir à tous ses pas,
tous ces malheureux qu’il frappa
l’invective à chaque repas
la honte à celle qu’il viola.
*****
J’imaginais de grands voyages,
des dauphins bleus dans mon sillage,
mais je n’ai jamais rencontré
que des taillis enchevêtrés.
Je rêvais de beautés diaphanes
de sauvages catalanes,
mais j’ai surpris la décadence
de prétendus anges de danse.
Je me voulais de grands amis,
pour me guider au paradis,
hélas mes quelques compagnons
sont plus légers que papillons.
J’ai tenté de me fabriquer
sans compromis, sans abdiquer,
mais souvent je me suis couché
comme un chien qu’on a attaché.
Elle tenait son cœur ouvert
dès le printemps jusqu’à l’hiver,
elle espérait le grand amour
celui qui brûlera toujours
mais dans son tout petit village
les prétendants au beau visage
étaient des sots ou des méchants
des rustres qui allaient crachant
la jeune fille au désespoir
déserta par un triste soir
Nul ne sut où elle s’enfuit
toute seule au cœur de la nuit.
****
Le 18 10 2022 : (300)
Le cri de fureur étranglé
devant ce crime de cinglés
qui osent tuer l’innocente
dans un scénario d’épouvante
pour l’abandonner dans la rue.
Quelle morale dissolue,
quelle mentalité perverse
que l’inhumanité traverse,
aucune injonction ne pourra
ramener à la vie Lola.
Une autre horreur effacera
le souvenir. On oubliera.
*****
Dans notre belle capitale
avec une rage animale
des monstres ont exécuté
une fillette sans passé.
Un dégoût pour l’humanité,
un espoir qu’ils ont fracassé,
et je vomis sur notre espèce
pour l’enfance que l’on dépèce.
Je ne pourrai plus regarder
ces hommes fiers de parader.
Que leur âme brûle en enfer
qu’ils agonisent sous le fer !
****
Cet enfant qui court dans les champs
pour le plaisir de sa maman,
va cueillir des coquelicots
qui vont se faner dans un pot.
iI ne réfléchira jamais
qui est le dupe du marché,
un instant de satisfaction
pour la cruelle exécution
de ces tendres fleurs éphémères
pour le sourire d’une mère.
Les gamins au cœur délicat
agissent comme des malfrats.
*****
Le terme « ami » sur les réseaux
n’est plus que tristes oripeaux
pour déguiser un joli mot
et dégainer les grands couteaux.
Les insultes coulent à flots
on vous y attache au poteau
l’empathie nourrit les pourceaux
pour une amitié de ruisseau.
Les anges côtoient les bourreaux,
l’innocent passe à l’échafaud
l’humanité part à vau-l’eau.
*****
Le sillage vif des obus
tel celui des astres perdus
balafre le ciel incendié
par les canons éparpillés.
Quand les enfants lèvent les yeux
c’est pour implorer le bon Dieu.
Les femmes baissent le regard
sur tous les malheureux hagards.
La haine, la haine toujours,
la mort guette du haut des tours.
Mais quand donc ce pays meurtri
retrouvera son paradis ?
*****
La pierre emportée
par l’orage de juillet
jamais rejetée
*****
La douce chanson
que maman chante au garçon
remplit la maison
*****
Que cherche l’oiseau
qui vole toujours plus haut
peut-être un ruisseau
****
Le 12 10 2022 : (294)
Je guette le ciel nuageux
j’y cherche du bonheur, un peu,
à vivre seul ou bien à deux,
redonner vigueur à mon feu
entrevoir enfin la lueur
au bout du chemin de la peur
des larmes et de la sueur
et de la terrible fureur.
Je veux retrouver l’innocence,
la douce candeur de l’enfance.
Si là-haut le Seigneur existe,
qu’il vienne faire un tour de piste.
Le 11 10 2022 : (293)
Le sang sous ta peau opaline
un délicat réseau dessine
comme une source de vie
d’une volonté assouvie.
Si les cendres du temps passé
sur tes cheveux ont déposé
le nuage de la tristesse
qui lentement t’use et te blesse,
je refuse de voir cela,
je ne regarderai pas.
Seul m’importe que tu souries
à mes pauvres agaceries.
Ces dimanches de mes seize ans
à la table de mes parents
avec ma sœur et mes cadets
devant le repas préparé
nous nous racontions des bêtises
qu’au lycée nous avions apprises
je m’essayais à des amours
nous nous lancions des traits d’humour
maman remplissait nos assiettes
on plaisantait sur nos conquêtes.
Ces banquets sont déjà si loin
nous sommes tous des orphelins.
*****
Pourquoi faudra-t-il que toujours
errent sur tous les carrefours
des silhouettes en haillons
des femmes tendant leurs moignons
vers des passants indifférents ?
Ce sont des foules de migrants
qui ont fui guerres et misères,
qui ont traversé des frontières
pour mener une vie précaire
dans une nation étrangère.
En face de ce désespoir
nous allons sur l’autre trottoir.
******
Le 08 10 2022 : (290)
Cet inconnu dans le miroir,
je veux ne jamais le revoir :
il dit qu’il m’a connu enfant,
que nous sommes proches parents,
je devine très bien qu’il ment,
il ment déjà depuis longtemps
et me surveille constamment
pour m’emporter loin des vivants
demain, dans un mois, dans un an
il me pousse, il est impatient.
Je dois la suivre les mains vides
dans la nuit sa face livide.
*****
Dans l’épais brouillard de ma tête
se mélangent les jours de fête
les noms de mes anciens amis
indispensables aux temps jadis,
la douceur des primes amours,
quand je vivais au jour le jour
dans la merveilleuse insouciance
je renonçais à mon enfance.
Chaque matin, je fais le compte
des épreuves que je surmonte.
Le 06 10 2022 : (288)
Rimer serait un art sadique
qui nous démange et qui nous pique
qui laisse le cœur anémique
à force de rêves épiques.
*****
Ma main protège tes beaux yeux
des rayons du soleil hargneux,
tu déposes un baiser heureux
dans ma paume juste au milieu.
*****
Pourquoi ces interrogations
sur la fin de notre mission ?
De finir sereins essayons
sans nous poser trop de questions.
Vous ne vous lamenterez pas,
le ciel restera toujours bleu,
pas un nuage sacrebleu
un grand soleil sur la pampa.
L’univers se fait amical,
le vent compose une chanson
avec la mer à l’unisson,
on nous offre un beau récital.
Les gens nous sourient dans la rue
comme s’ils nous connaissaient bien
ils sont chaleureux et sereins.
Cette douceur est bienvenue
Et cette impression délétère
que l’on n’est plus de cette terre,
que la vie est une rivière
qui nous entraîne au cimetière.
Mon enfance est si loin derrière
comme une existence étrangère,
comme une expérience éphémère,
dont je ne pourrai me soustraire.
Au bout du chemin la lumière,
la joie de devenir grand-père,
qui rend l’épreuve moins amère
de se présenter à Saint-Pierre.
*****
Où est-il, cet homme parfait
qui dans son monde se complait,
qui veut que rien jamais ne change,
qui dit que rien ne le dérange,
vit-il sous l’or de l’Élysée,
loin de la foule méprisée ?
Partout on se livre au massacre,
et lui ne pense qu’à son sacre,
partout progresse la misère,
on saccage la terre entière,
seuls tous nos enfants s’en soucient,
ils désespèrent d’un messie.
Toujours ce grand conflit
qui guette au saut du lit,
la peur dès le matin,
la mort et le chagrin
partout en ce bas monde
la haine nous inonde.
Quand verrons nous la fin
de ce cruel destin ?
Faisons-nous des enfants
pour l’enfer permanent ?
Je veux fermer les yeux
me reposer un peu.
*****
Il marchait lentement
pas pressé, gravement
comme s’il redoutait
la mort qui l’attendait.
Il aurait pu courir
pour cesser de souffrir
mais il savait déjà
qu’à la fin : le trépas,
alors il décida
de s’asseoir un moment
pour savourer l’instant.
*****
Tout comme les saumons
nous remontons les monts
affronter nos démons.
À la fin du voyage,
et d’autres paysages
après tant de barrages
nous nous laissons mourir
nous nous laissons pourrir
et cessons de souffrir.
Et la vie s’accomplit
dans ce rite subi
pour un destin maudit.
*****
Le 28 09 2022 : Haïkus (280)
Silence figé
tous les arbres congelés
espèrent l’été.
*****
La mer incertaine
répétera sa rengaine
prière païenne.
*****
Petit chien de vieux
mène sa vie pour le mieux
malgré les envieux.
*****
Jamais ne verras
un autre amour à mon bras
ma vie est à toi.
*****
Le 27 09 2022 : (279)
un oiseau ou un rat
qui ne se soucient pas
de l’instant du trépas
ne voient que l’immédiat.
Nous, rompus aux combats
contre pestes, choléras,
usés par les tracas
jusqu’au dernier coma,
à chacun de nos pas
craignons la mort là-bas
et l’ultime fracas.
*****
Le 26 09 2022 : (278)
On voudrait fuir le temps,
fuir ce qui nous attend,
se réveiller enfant,
plein de rêves puissants,
avec sa vie devant.
Ses espoirs décevants
ses forces déclinant,
on cèdera au courant
comme d’autres avant :
de plus beaux de plus grands
partis obéissants
pour suivre les absents.
*****
Cet homme trop sérieux
ne baisse pas les yeux
en parlant au Bon Dieu
n’invoque pas les cieux.
Sans amour ni envie,
il passe ainsi sa vie,
il finira tout seul,
serré dans son linceul.
Son cœur resté trop dur
se sentirait impur
s’il attachait son sort
en attendant la mort.
Ce bonhomme là-bas
qui avance à son pas
un enfant dans ses bras,
Dieu sait où il ira
où il se cachera
de la meute aux abois
qui l’exécutera
quand le moment viendra.
Sa faute et son tracas
c’est le nom de Juda
toujours le poursuivra
causera son trépas.
Le 23 09 2022 : (275)
Où sont mes compagnons
des jeux de mon enfance
aujourd’hui dispersés
par les coups de canon,
c’était encor la France
en conflit dépassé
Il ne restera rien
de ceux que j’ai aimés
ces copains de lycée
le temps est assassin
pour les rêves semés
d’une époque effacée.
Ils marchent en cadence
et leur corps se balancent,
ils portent leurs fusils
pour tuer l’ennemi
dans un autre pays
comme on le leur a dit.
Ils ont quitté enfants
pour courir en avant
ils ont quitté maison
sans saisir la raison.
Cette vie de soldats
ne les satisfait pas.
La feuille emportée
par l’eau grise déchaînée
en fin de journée.
*****
Une fleur carmin
là-bas au bout du chemin
soleil du matin.
*****
Squelette de bois
calciné par le grand froid
un arbre autrefois.
******
Un nuage flâne
comme un abbé en soutane
dessus les montagnes.
*****
Feu coquelicot
naît pour mourir aussitôt
le temps d’un sursaut.
*****
On croise parfois
une forme d’autrefois
avec un-je
*****
Qu’il meure aussitôt
dans les douves d’un château
cet affreux bourreau
qui ose battre un enfant
sa compagne tout autant.
*****
Le froid de l’hiver
dessèche les arbres verts
aux feux de l'enfer.
*****
Je voudrais partir
pour ne plus revenir
cesser de souffrir.
*****
Les algues sur l’eau
émeraude d’un ruisseau
dansent un tango.
*****
Est-ce un cri de joie
un appel d’un qui se noie
quand le ciel flamboie.
*****
Sur le tableau noir
la craie dessine un espoir
de fuir les devoirs.
*****
Sirène du port
qui retentit bien trop fort
réveille les morts.
*****
On l’appelle Alice
la fille aux grands yeux si tristes
danse sur la piste.
*****
La musique amère
conte toute la misère
partout sur la terre.
*****
La blanche colombe
ne vole plus elle sombre
son futur est sombre
*****
Le 17 09 2022 : Haïkus : (269)
un aveu au goût de larmes
vos mots sont des lames.
*****
On ne dit jamais
la terreur qu’on ressentait
près de l’être aimé.
*****
Le poids dans le dos
qui nous lacère la peau
comme un grand couteau.
*****
Le chemin des landes
en montées et descentes
fleure la lavande
*****
Couché sur un banc
on jurerait qu’il attend
un rêve important.
*****
En fermant les yeux
crois-tu que l’on vivra mieux
dans ce monde en feu.
*****
Il marche à genoux
il espère comme un fou
un destin plus doux
*****
On ne pense pas
que le temps presse déjà
au prochain trépas.
*****
Le 15 09 2022 : Haïkus : (267)
Un matin d’orage
l’éclair perce les nuages
le ciel est en rage.
*****
C’est toujours la haine
éternelle horreur humaine
qui glace les veines.
*****
Comment vivre encore
depuis l’aube jusqu’à l’aurore
où l’on nous abhorre.
*****
Ta tête posée
dans mes deux mains proposées
à tes joues rosées.
*****
Le 14 09 2022 : Haïkus : (266)
Cours l’enfant cours cours
vois le monde tout autour
brûle comme un four.
*****
Auras-tu l’envie
de rester encore en vie
la guerre finie.
*****
Dis-moi doucement
la chanson de ces amants
morts d’aimer vraiment.
*****
Il regarde au loin
en composant ses quatrains
qu’il dira demain
****
Tourbillons de terre
sur la trace de l’araire
une fleur solaire.
*****
Une chanson lente
la voix de l’adolescente
triste se lamente.
*****
Serré sur son cœur
l’enfant oubliera sa peur
la femme en douleur.
****
Le soleil doré
sur l’étang a reflété
Narcisse éploré.
*****
Est-ce un pélican
qui traverse l’océan
comme un éclair blanc
mais c’est ta vie que tu vois
elle file droit
et il est trop tard déjà
car le temps est roi.
*****
Retiens dans tes doigts
cet animal trop sournois
qui te mord parfois.
*****
Tu ne verras plus jamais
ces êtres que tu aimais
et que tu croyais parfaits
emportés par le gros temps
si imperceptiblement
qui t’a vidé de ton sang
tu es comme un cheval mort
harassé par trop d’efforts
tu as cassé ton ressort
le froid dedans et dehors.
Le 11 09 2022 : Haïkus (263)
fait le même bruit fugace
qu’un bec de rapace.
****
Vole papillon
jusqu’au lointain horizon
comme un doux frisson.
*****
Garde dans ton cœur
le goût d’un ancien bonheur
qui t’offrait des fleurs.
*****
Il a disparu
ce tyran qu’on m’a voulu
cet ange déchu.
*****
Vie ressuscitée
d’une racine desséchée
la pousse cachée.
*****
Dans le gris du ciel
la nue ourlée de miel
cache le soleil.
*****
La flamme légère
se repaît de la fougère
dans une clairière.
*****
Partir n’est plus rien
quand tes souvenirs anciens
sont tes plus grands biens.
*****
Le 09 09 2022 : Haïkus et autre (261)
Le sable s’envole
en grandes spirales folles
de jupe espagnole.
*****
Le terrible mal
de ton mépris infernal
quand tu pars au bal.
*****
La fleur vermillon
de ce joli papillon
trace un tourbillon.
*****
Creux dans la poussière
le chemin vers la clairière
parmi les fougères.
*****
Ne perds pas de vue
ces années qui sont perdues
tombées dans la rue.
*****
Sur la mer rebelle
l’élégante caravelle
ferme son ombrelle.
*****
L’or de ses cheveux
cache le bleu de ses yeux
son air malicieux.
*****
On sait bien que les jours passés
sont bien finis et enterrés
mais continuons d’espérer,
un miracle peut arriver,
notre jeunesse reviendra
et la vieillesse attendra...
elle se croisera les bras.
*****
La mer est salée
par trop de larmes versées
jamais ravalées.
*****
Une main paresse
sur sur une douce caresse
car rien ne nous pressentait.
*****
Un oiseau surpris
se réfugie à l’abri
dans un tamaris.
*****
Ne reste plus rien
de mes rêves enfantins
de beaux lendemains.
*****
Poème d’une vie en l’air :
*****
J’aurais voulu être vétérinaire
ou Rousseau ou Voltaire,
ou pourquoi pas mousquetaire,
je me remplis un questionnaire
pour la décision dernière,
je veux réfléchir et je préfère
m’enfermer aux waters.
*****
Ferme un peu la porte
le malheur pourrait entrer
le diable l’emporte
je ne vis que de regrets
là-bas on m’attend
je suis prêt dès maintenant
pour faire une dernier voyage
durer n’est plus de mon âge.
*****
Ne m’observe pas
j’ignore où mènent mes pas
au loin tout là-bas.
*****
La dune de sable
s’éboue dans le vent su Sud
comme un chien mouillé.
*****
Le 03 09 2022 : (255)
L’enfant à l’école
se gave d’histoires folles
du temps de la Gaule.
*****
Descend la rigole
voilier de papier qu’on colle
sans cap ni boussole.
*****
Femme de marin
elle scrute le lointain
et se tord les mains.
*****
L’histoire d’amour
se répète dans les cours
de tout le faubourg.
*****
Mes compagnons de solitude
ont respecté mes habitudes,
ils savent bien mes attitudes,
ils écartent mes inquiétudes,
la docile mélancolie
et l’ennuyeuse litanie
des prémices de la folie.
Les jours passent comme les nuits
la vie coule et le temps s’enfuit
je sais trop où il me conduit :
où n’existe plus d’aujourd’hui.
****
Le ciel rouge sang
quand le soleil descend
chez les morts vivants.
*****
La femme en courant
plus rapide que le vent
fuit-elle un amant.
*****
La femme infidèle
cette beauté si cruelle
se croit immortelle.
*****
Dans l’ombre éprouvante
dans les rêves qui tourmentent
veille l’épouvante.
*****
Le 31 08 2022 : Haïkus (252)
ENFANTS DES RUES.
*****
La rue pour école
du côté des Batignolles
des enfants s’envolent.
*****
Les grands coups de poings
c’est leur façon de câlins
quand on est malins.
*****
Des fruits dérobés
sur les étals du marché
ils sont familiers.
*****
Ils n’ont pas volé
ils nient juré craché
des anges ailés.
*****
Le 30 08 2022 : Haïkus (251)
on est parti visiter
un ailleurs parfait.
*****
Le temps nous attire
nous évite de souffrir
nous pousse à mourir.
*****
En milieu de nuit
j’ai entendu un grand cri
quelqu’un a péri.
*****
Cheval de la guerre
qui n’a jamais connu guère
mieux que la misère.
Chante l’oiseau chante
un vieux couplet qui me hante
les jours d’épouvante.
*****
Un homme courbé
marche en observant ses pieds
il craint de tomber.
*****
La splendeur du monde
il suffit d’une seconde
pour que tout s’effondre.
*****
Triste mélopée
pour cette vie découpée
au fil de l’épée.
****
Le 28 08 2022 : Haïkus (249)
Mauvaise expérience
quand l’amour est en souffrance
reste le silence.
*****
Notre ami Prévert
pour conjurer cet enfer
écrivait des vers.
*****
Le poète est libre
de puiser dans les livres
ce qui le délivre.
*****
Parfums de printemps
dessus les ailes des vents
relient les amants.
*****
Le 27 08 2022 : Haïkus (248)
Le vent sur les dunes
un œil blanc dans la nuit brune
la face de la lune.
*****
Les ombres sournoises
les destins qui s’entrecroisent
sous le ciel d’ardoise.
*****
Si j’avais deux vies
je partirais mon amie
vivre en Normandie
*****
L’affreux bruit des bottes
est moins pénible pourtant
qu’user ses pantoufles.
*****
C’est une fanfare
qui célèbre la mémoire
de notre victoire.
*****
C’est une fanfare
chantant les noces notoires
de folies barbares.
*****
Dans le vent mauvais
le ciel l’enlaçait.
un ange dansait.
*****
L’homme est à la guerre
la femme dans la misère
les enfants sans père.
*****
Le 24 08 2022 : Haïkus (246)
Poursuis tes beaux rêves
dès que le soleil se lève
cherche-les sans trêve.
****
Ami qui comprends
le moindre des sentiments
le bonheur t’attend.
*****
L’homme au grand sourire
n’entreverra jamais pire
que vivre un martyre.
*****
En pleine détresse
ferme-toi à la tristesse
car la vie te presse
*****
Les astres du ciel
avec leurs reflets vermeil
sont rêves de miel.
*****
Et tu as passé
ta vie à le ressasser
l’enfer traversé.
*****
La triste chanson
répétée dans la maison
parlait de poison.
*****
Et si tu voulais
ne plus voir ce qui est laid
le ciel s’ouvrirait.
*****
Un rêve opalin
nous abandonne au matin
apaisé serein.
*****
Un premier amour
pour une enfant du faubourg
belle comme un jour.
*****
Je m’étonne encor
de vivre dans ce décor
hanté par la mort.
*****
Un petit enfant
m’aidera avant longtemps
au dernier instant.
*****
Les amours anciennes
viennent cogner à nos persiennes
tristes bohémiennes.
*****
Un peu de tristesse
qui guérit ce qui te blesse
comme un vin de messe.
*****
Toute la ferveur
dans un moment de bonheur
réchauffe le cœur.
*****
Sans claquer la porte
pars si le vent te transporte
vers tes amours mortes.
*****
Le 20 08 2022 : Haïkus (242)
J’ai jeté les rames
fatigué par tous ces drames
de ce monde infâme.
*****
Cet homme pleurait
non sur son amour défait
mais sur un forfait.
*****
S’aimaient-il vraiment
ils échangeaient des serments
ces jeunes amants
*****
Tous ces jeunes hommes
errent comme des fantômes
dans la rue de Rome.
*****
L’écume des vagues
recouvre la roche noire
comme le matin
dissipe la sombre nuit.
*****
Le
19 08 2022 : Haïkus (241)
Ta
main dans la mienne
qu’importe
ce qu’il advienne
mon
fils mon aubaine.
*****
Nos
cris de déments
en
face de l’océan
se
perdent au vent.
*****
L’instant
arrêté
nous
nous sommes regardés
pour
tout commencera.
*****
Dans
mes poings serrés
des
souvenirs acérés
qui
m’ont déchiré.
*****
Le 18 08 2022 : Haïkus (240)
Dans le feu du soir
monte un cri comme un espoir
pour chasser le noir.
*****
Une chanson triste
inventée par un pianiste
un pauvre soliste.
*****
Tire le harnais
malheureux qui reconnais
le feu qui dormait.
*****
La si douce enfant
rêvait de prince charmant
choisit un méchant.
*****
Le mur des prisons
enferme aussi les matons
c’est leur horizon.
*****
C’est le temps qui va
les femmes ne pleurent pas
signe d’un fracas.
*****
La peau du bouleau
tombera en grands lambeaux
dès qu’il fera chaud.
*****
Fleur n’est pas fidèle
son ami enrage d’elle
c’est une hirondelle.
*****
Il n’a pas voulu
croquer le fruit défendu
de l’amour perdu.
*****
Lâche le poisson
la rivière est sa maison
tu es ta prison.
*****
C’est un éternel
espoir qui naît dans le ciel
aux reflets de mielleuse.
*****
Je voudrais tes bras
pour chasser tous mes tracas
maman ici-bas.
*****
Ce que l‘homme dit
du dimanche au samedi
lundi se dédit.
*****
Dans la rue Delambre
par une nuit de décembre
la vie part en cendres.
Cet homme devant
avec sa femme en suivant
se croit important
*****
Le soleil de sang
qui incendie les étangs
dessèche les plants
****
C’est toujours tristesse
d’abandonner par paressse
le livre qu’on laisse
*****
Les larmes salées
leur saveur inégalée
aux amour mêlées
****
Qu’a-t-il ce vilain
paysan ou citadin
qui se meurt de faim.
*****
Dans les rues de France
des coquettes se déhanchent
triste décadence.
*****
Cet homme meurtri
serré dans ses vieux habits
est déjà parti.
*****
Il ne reste rien
de sa bouche et de ses mains
qu’un air très ancien.
*****
La vie serait belle
si cette haine rebelle
se brisait les ailes.
*****
Triste lassitude
souffrir cette solitude
comme une habitude.
*****
Le 13 02 2022 : Haïkus (235) :
Dans une rue sinistre
un homme seul marche triste
comme un ours de piste.
*****
Il pleut sur Paris
sur la rue de Paradis
tous
les chats sont gris.
*****
Les mains dans les poches
l’étrange inconnu s’approche
me lance un reproche.
*****
La petite belle
qui jouait à la marelle
attend des jumelles.
*****
Le grand tour de force des femmes c’est de laisser croire aux hommes qu’elles sont le sexe faible.
Combien de déconvenues nous inflige-t-on en nous promettant le bonheur pour demain.
On reconnaît un ami au fait qu’il reste un ami en dépit de ce qui sépare : la distance de le temps.
Rien n’est plus gratifiant que d’écouter un enfant. C’est l’occasion de réaliser l’urgence de garder son âme de gosse. Les enfants ont cette faculté de s’émerveiller qu’on perd en abordant l’âge adulte.
J’ai souvent constaté que ceux qui invoquent Dieu et les dix commandements se comportent comme des cochons, encore que tout est bon dans le cochon alors qu’en ces prétendus croyants on ne trouve rien de bon.
Le 11 02 2022 : Ce chameau de dromadaire !
_ Regarde, me dit-elle en tentant d’aplanir son siège en le frappant du plat de la main.
_ Arrête, c’est sa bosse, tu es en train de la lui retourner comme une chaussette !
_ Et puis le dromadaire de derrière ne cesse pas de lui mordre les fesses.
_ Mon chameau est doux, mais le vôtre ne cesse pas de lui péter dans le nez, expliqua notre jeune compagnon.
Nous assistâmes au spectacle féerique du lever du soleil, énorme et rouge dans le Sahara. L’astre émergeait à une rapidité inouïe de derrière les vallons de sable. Cela ne dura pas plus de dix minutes pour passer de la nuit noire au grand jour incendié.
Sur le chemin du retour, nous croisâmes des vacanciers britanniques. À notre niveau la selle d’une dame glissa sous le ventre de la monture et la dame chuta d’une belle hauteur avec un bruit mat.
Fin de la promenade. Les mains couvertes de cloques à force de serrer désespérément la poignée de bois, livide, Michelle fut la première à se ruer dans notre bus et si, aujourd’hui, elle rit de son expérience, il ne fut plus question de renouveler l’aventure.
Marie court toute la journée,
elle court après le temps,
elle court après le vent,
toujours en retard d’une fournée.
Marie cherche toute l’année,
elle cherche un amant,
elle a des sentiments
Marie est une fleur fanée.
Marie est toujours pressée,
elle espère le bon moment,
elle entend sa maman
qui la voudrait mariée.
Marie ne pleure pas,
elle a peur de Satan,
elle a peur du méchant
qui l’appelle en bas.
Dans ces temps de fer
où survivre est un enfer
j’ai un goût amer,
une peur primaire.
Je voudrais chanter
mais je suis hanté
par le mal constant
dessus nos enfants.
Où est l’insouciance
qui marquait l’enfance
en terre de France
paix et tolérance ?
Les journées amères
ses rêves d’enfant brisés
pour sa vie de mère.
Ses élans sont écrasés,
une maison à tenir,
personne n’écoute plus
ses constants soupirs.
Que sont enfin devenus
les serments jurés ?
Perdus avec ses secrets,
adieu jours rêvés,
ne sont jamais arrivés
et le temps s’écoule
comme les ruines s’écroulent.
Il est bien trop tard,
désormais c’est le cafard
qui pèse sur sa poitrine
et la ratatine.
Son homme avait tout détruit
et maintenant c’est la nuit,
que sa vie est dure
elle n’est plus que blessure.
******
Là-bas est-ce un train
emmenant les pèlerins
vers quelque lieu saint.
*****
En haut du perron
elle scrute l’horizon
seule à la maison.
*****
Il revient brisé
par tout son lourd passé
le cœur déchiré.
*****
Depuis tout ce temps
tu accompagnes mes ans
bien fidèlement.
*****
Le 06 08 2022 : Haïkus et autres (229)
L’homme est sur un chemin
dont il ne connaît rien
il ne sait d’où il vient
il ignore la fin.
*****
Je voudrais être un animal
pour distinguer le bien du mal
je voudrais devenir enfant
et profiter de mes parents.
*****
Toujours des canons
on n’entend plus les violons
le bruit des talons.
*****
Et rien ne se passe
on s’adresse des grimaces
toujours des menaces.
*****
Les deux mains tendues
vers une paix suspendue
toujours combattue.
*****
Le 05 08 2022 : Haïkus et autres (228)
Le chien suit son maître
plus aveuglément peut-être
qu’il suivrait un prêtre.
*****
Le chien est le meilleur ami de l’homme
mais l’homme est le maître du chien
notez-vous l’incohérence ?
*****
Marie attendit
la lettre de son mari
en guerre parti.
*****
Son regard bleu profond
qu’à l’océan se confond
envoûte les garçons.
*****
Où vont les bateaux
qui naviguent sur les flots
quand le temps est gros.
*****
Je dois encore apprendre
à marcher et comprendre
ce trouble dans ma tête
qu’a semé la tempête.
*****
Je finirai peut-être
sans tambour ni trompette
dans un lit à roulettes
à l’état de squelette
*****
Se logent-ils dans l’âme
et nos joies et nos larmes
quand nous rendons les armes
quand la mort nous réclame.
*****
Le 04 08 2022 : Haïkus (227)
Au soir de ta vie
recommence la partie
trouve tes envies.
*****
C’est dans la nature
que la brutalité pure
donne la torture.
*****
Ses longs cheveux clairs
scintillent de mille éclairs
aux feux de l’enfer.
*****
Ma vie n’est plus rien
je suis au bout du chemin
la fin pour demain.
*****
Le fils de cet homme
pas bien plus haut que trois pommes
veut régner sur Rome.
*****
Je chante si mal
que je parais anormal
et ça me fait mal
*****
Brisés par le temps
et le poids de tous ces ans
ensemble pourtant
*****
Le petit ruisseau
où je remplissais mon seau
m’emporte en bateau
*****
L’enfant qui pleurait
et que rien ne tempérait
gardait son secret
Le 02 08 2022 : Tanka et Haïkus (225)
Loin sur l’autre rive
de la Méditerranée
une âme en dérive
erre depuis tant d’années
où est le garçon
qui s’enivrait de plongeons
sous le soleil de plomb
*****
Tous ces petits riens
qui font qu’on vivrait bien
une vie de chien
*****
Seul avec mes livres
c’est ainsi que je veux vivre
car ils me délivrent
*****
Le portrait fripé
d’un garçonnet oublié
parmi les papiers
*****
Les baisers volés
avaient le goût mentholé
d’un ange affolé
*****
Mon père grondait
le tonnerre se taisait
je disparaissais
*****
Quand la nuit tombait
on égorgeait on tuait
et je m’endormais
*****
Le 31 07 2022 : Haïkus (224)
La fille aux anglaises
la belle statue de glaise
a des yeux de braise
*****
Tu cherches fortune
pour toi tu voudrais la lune
c’est chose commune
*****
Dessus le rosier
une rose de papier
surgit du roncier
*****
Le 30 07 2022 : (223)J’ai eu si peu d’amis, de frères et de sœurs
que j’aurais désiré serrer contre mon cœur,
trop de rêves dans ma tête et pas assez de temps
pour vivre intensément comme font les enfants.
Je passais tous mes jours, le nez dans les romans,
je ne voyais plus rien que ces vies autrement,
mes compagnons de balade et témoins de tristesse
partaient aux quatre vents gaspiller leur jeunesse.
Mon bateau,ma galère, à l’ancre dans le port
comme un pauvre animal qui n’attend que sa mort.
Les trains partaient sans moi aux lointains horizons,
je restais sur le quai, sage et sans réaction.
Ma peau de parchemin et mes yeux fatigués
n’ont plus rien de l’enfant secret que j’ai été.
Mes livres sont pour moi, la source de courage
qui me fait avancer encor dans le grand âge.
Je sais qu’un de ces jours, au détour du chemin,
elle viendra vers moi pour me prendre la main,
et m’emmener au loin, là d’où nul ne revient,
là où se décide le terme du destin.
*****
Où est le temps béni
quand j’avais banni
le souci du temps
et de ses tourments ?
*****
Les jours s’écoulaient
et le goût du lait
au coin de mes lèvres
dissipait ma fièvre.
*****
L’idée de demain
était mon jardin
secret des voyages
et des paysages.
*****
Au bout du chemin
pointait le matin
d’un bleu opalin
vide de chagrin.
*****
Les feux de l’été
sont venus pour maltraiter
les sols exploités.
*****
Mais où vont les nues
elles seraient bienvenues
le feu s’accentue.
*****
Là où le regard se pose
la désolation s’impose
avec la psychose
*****
Ton front s’est posé
comme un bel oiseau blessé
sur mon front plissé
*****
La poésie est, selon moi, un défi que se lance le poète, ce qui l’autorise à en changer les règles pour la rendre plus intéressante. J’ai choisi les haïkus par goût de l’exotisme et la rime (qui étonnera les puristes) pour en épicer la saveur.
*******
Une vie qui passe
la mémoire qui s’efface
et puis l’on trépasse.
*****
Le bateau au loin
harcelé par les embruns
défie son destin.
*****
La faux dans le champ
coupe le blé en chantant
sa chanson d’antan.
*****
Le flux des marées
baigne l’île séparée
brebis égarée
*****
Le petit enfant
traîne son pas hésitant
comme un mort vivant.
*****
Un genou à terre
au milieu du cimetière
il pleure sa mère.
*****
Jamais ne viendras
te blottir entre mes bras
tout comme autrefois.
*****
Qui sème le vent
récolte tant de tourments
qu’il pleure longtemps.
*****
Maman ô maman
je suis ton petit enfant
qui se languit tant.
****
vit une vie attristé
un rêve enterré.
*****
Il suffit d’une ciel
fait de feu et de vermeil
pour un bon réveil.
*****
Ferme la fenêtre
car un beau diable peut-être
troublera la fête.
*****
Le jus bien sucré
d’un fruit mûr et consacré
d’un gâteau fourré.
*****
Fuir à perdre haleine
pour échapper à la haine
qui gagne l’Ukraine.
*****
Partir est facile
dans les plus grandes villes
les trains se défilent
*****
Même très âgé
on voudrait se replonger
au temps saccagé
*****
Comment résister
à cette inutilité
d’avoir existé
*****
Mon ami poète
toi qui te sens investi
tu dis que peut-être
c’est un don du paradis
mais point de pari
prends tout ce qui t’est donné
et rime sans raisonner
*****
Chaque jour nouveau
on mène sur l’échafaud
des gens comme il faut
*****
La petite larme
coulant sur ta joue désarme
et c’est là ton charme
*****
Quand l’enfant me chante
tous les rêves qui le hante
ma vie devient différente
*****
Le ruisseau s’enfuit
comme s’efface la nuit
ainsi va la vie.
*****
Un homme accroupi
près d’un cadavre meurtri
d’un fils d’un ami.
*****
Que doit endurer
le prisonnier emmuré
avant d’expirer.
*****
Encore une enfant
qui emmène son troupeau
de jeunes agneaux
elle progresse devant
sa chanson d’amour
réchauffe d’un grand bonheur
elle dissipe les peurs.
*****
Le monde enflammé
ne cesse pas de tourner
comme un beau damné.
****
Le 22 07 2022 : (206)
Une vieille dame (ma maman) assise dans son fauteuil, regardait Questions pour un champion à la télévision. Une fillette (ma nièce de cinq ans) s’affairait autour d’elle.
_ Mamie, veux tu que je t’apporte tes lunettes ? Veux tu que je te donne tes pantoufles ? Veux tu un Petit Lu ?
_ Que se passe-t-il aujourd’hui ? Tu es bien gentille avec moi !
_ Je suis gentille parce que tu es vieille et que tu vas bientôt mourir.
_….
*****
le vent se transforme en braise
l’enfer prend ses aises
Parfois tu reviens
la nuit parmi tous les tiens
comme aux temps lointains
maman aux bras si câlins
mère de douceurs
qui inventas le bonheur
sans toi nous avons si peur
Elle marche seule
comme vont tous les aveugles
les arbres s’effeuillent
*****
Un enfant câlin
caresse un tout petit chien
qu’il voudrait le sien
*****
Le 20 07 2022 : Haïkus (204)
Dans le ciel de jais
la courbe d’acier d’un trait
l’éclat d’un fleuret
*****
Partout des murmures
des menaces bien trop dures
rien qui nous rassure
*****
Il faut déposer
les armes il faut oser
s’aimer et se reposer
*****
Dans l’enclos fermé
un étalon déprimé
rêve d’amour consommé
*****
Du bout de la branche
s’écoule une larme blanche
que le vent balance
*****
Belle demoiselle
occupée à ta dentelle
le bonheur t’appelle
*****
Le 19 07 2022 :
Changer temporairement de région ouvre à la curiosité, à la réflexion, à la philosophie. Dans cette partie de notre pays, les lois sont identiques à celles de mon lieu de résidence et particulièrement le code de la route. Or, en une semaine, je dus plusieurs fois par jour, appuyer sur le frein pour éviter un accident. Là-bas, le véhicule qui arrive en face de vous, traverse subitement la voie devant vous, vous coupe la route en faisant fi de la sacrosainte priorité à droite pour filer son petit bonhomme de chemin vers quelque tâche impérieuse. Vous pourriez penser que vous avez à faire à un conducteur dément, un fou furieux et dans votre tête défile une longue litanie de noms d’oiseaux. Mais non, l’individu vous a vu, il vous regarde même en vous adressant un large sourire angélique qui n’a rien d’un défi, il semble un peu (pas trop) confus, il dresse vers vous une main amicale et disparaît gentiment. Dans mon département, on vous tendrait un majeur dressé, on ne vous sourit pas, on vous insulte même. Dieu, même si l’aventure vous met en péril, qu’il est agréable de se faire griller la priorité, c’est le prix à payer pour échanger un sourire avec son semblable, un homme (ou une femme comme vous et moi). C’est la grande fraternité des hommes conscients que le monde est loin d’être parfait et que même s’ils ne sont pas parfaits, ils sont, aimables en toutres circonstances et particulièrement quand ils manquent de vous tuer en toute conscience sans vous vouloir le moindre mal, parce qu’ils ne sont que des hommes et que les hommes sont ainsi.
Le 17 07 2022 : Fabulette (203)
Il rêvait d’exploits, de gloire
il voulait marquer l’Histoire :
il dénicha une guerre,
il en est tant sur la terre
il se porta volontaire
pour dresser son cimetère
pour la défense des mères
sur les lignes de frontières.
Par une terrible nuit,
quand le courage s’est enfui
il crut distinguer de furtifs
mouvements dans son objectif
il appuya sur la détente
pris d’une rage violente.
La riposte fut immédiate
une vache paissant béate
embrocha au bout de ses cornes
ce Don Quichotte francophone
qui périt sans aucun clairon
pour un rêve de fanfaron
*****
Le 16 07 2022 : (202)
Je me suis dit,
si tu aimes tes amis,
épargne-leur les sujets
qui suscitent le rejet,
ceux qui t’on fait ou défait
en soixante-deux le 5 juillet
en quarante-deux le 16, jour abject
anniversaires d’hécatombes
de massacrés sans tombe
jetés dans des puits
avalés par la nuit.
Les blessures sont là, béantes
elles sont là, me hantent
avec leurs morsures méchantes
mille douleurs constantes.
Dites, comment oublier
les morts, les charniers
qui font partie de moi
et me glacent d’effroi.
Confiant, je vois venir la fin
bientôt sur mon chemin.
*****
Le 15 07 2022 : Poème sans rime ni raison : (201)
Au milieu du gué,
le vieil homme désorienté
ne peut plus s’en retourner
trop fatigué pour avancer
Il aimerait pouvoir sauter dans le trou
creusé par les remous.
Pas assez de force
la tristesse d’une forme de divorce
avec la vie, avec l’espoir et l’avenir.
Ne reste que le désespoir et le souffrir.
Dans la maison vidée
errent les mêmes idées.
L’incertitude du lendemain
qu’il sent à portée de sa main
une certaine impatience
de la fatale expérience
d’où l’on ne revient pas
et la question du trépas :
qu’est-ce qui me survivra ?
Bientôt il le saura.
*****
Le 31 06 2022 : (197)
On voudrait tout savoir,
sortir enfin du noir
où l’on vit en naissant
dans ce monde angoissant.
Toujours seul dans la foule
emporté par la houle,
esquif sur l’océan
sans une île au-devant.
Hélas on ne sait rien :
on rame, on fait au mieux
et l'on devient trop vieux.
On part, on n’a rien vu
et l’on n’a pas vécu
l’existence rêvée
gâchée, inachevée.
*****
Le 30 06 2022 : (196)
À l’aube solitaire
quand sortent les marins
en quête de tapins
les hommes désespèrent.
Dans la nuit tranquille
on attend le matin
pour prendre un premier train
et nourrir sa famille.
Dans l’avenue blafarde
les enseignes clignotent
et les poivrots sirotent
dans les bars qui cafardent.
La porte de l’usine
ressemble à la prison
où filles et garçons
passent leur vie chagrine.
*****
Le cri de sirènes
déchire la nuit sereine
pour glacer nos veines
*****
La musique au loin
fandangos et tambourins
célèbrent les foins
*****
L’amour ce chariot
sans sabots et sans grelots
qui surprend les cœurs
*****
Les rêves têtus
auxquels on avait tant cru
seront-ils perdus
Ils nous ont nourris longtemps
pour plus de cent ans
Nous étions adolescents
Nous étions des rois puissants
*****
L’eau bleue de ses yeux
je buvais pour être heureux
Loin d’elle fiévreux
pire qu’un âtre de peu
Elle seule peut
me donner ce que je veux
dans ce monde miséreux
****
Le 27 06 2022 : Tankas (193)
posé sur l’horizon bleu
est un prétentieux
qui se prend pour le Bon Dieu
excusez du peu
car il affectionne les lieux
le grand Sud aimé des vieux
*****
Je ne veux de ciel
que le doux de ton visage
d’autre paysage
que tes lèvres de vermeil
et rien ne m’importe
qu’avec toi ouvrir la porte
aux bonheurs de toutes sortes
*****
Je veux voir enfin
ce que l’on prédit pour demain
la paix dans nos mains
un bel avenir serein
un monde sans faim
pour les enfants du lointain
voués au fatal destin
*****
Le 25 06 2022 : Tankas (192)
*****
*****
Le 24 06 2022 : Haïkus (191)
****
*****
*****
*****
Douce demoiselle
abritée sous son ombrelle
montre ses dentelles
*****
L’enfant à genoux
s’amuse avec des cailloux
des planches et des clous
*****
Au creux des genêts
l’élégant chardonneret
siffle un triolet
*****
Parmi les décombres
des alignements de tombes
détruits par les bombes
*****
Les jours qui défilent
en mascarade fébrile
me laissent sénile
******
Le lit du ruisseau
sillonne dans les roseaux
pour grossir des eaux
*****
Voudras-tu un jour
me révéler ton amour
dans un doux discours
*****
J’irai les yeux clos
sans trêve et sans repos
hisser ton drapeau
****
Il me suffit de regarder la lune
pour partir sur un bateau de fortune,
de louvoyer au milieu des étoiles,
de libérer le foc et la grand-voile,
les alizés s’engouffrent dans la toile
qu’ils propulsent sur une mer étale,
ma rêverie ouvre tout grand ses ailes
et je m’abandonne à la nuit nouvelle.
*****
Soigne ton acné
si tu veux être adoré
vite essuie ton nez
****
Le 21 06 2002 : Haïkus (188)
Pour une punaise
qui n’est pas bien à son aise
la motte est falaise
*****
L’enfant en chemin
à qui nul ne tient la main
s’en va vers sa fin
*****
Ce point dans la nuit
c’est un astre qui reluit
une âme s’enfuit
*****
Le tambour de guerre
le roulement de tonnerre
l’homme est mortifère
*****
Tant de gouvernants
fiers d’être puissants
sont indifférents
*****
Elles n’aiment pas
les gens qui marchent au pas
tous ces fiers à bras
*****
Gâté par l’argent
sans une once de talent
il vit en râlant
****
Le 20 06 2022 : Haïkus (187)
*****
*****
*****
*****
Le premier grand bonheur du jour :
s’éveiller près de son amour,
elle seule et plus rien autour,
se jurer de s’aimer toujours.
Vivre de joie et de caresses,
déclarer toute sa tendresse,
garder l’éternelle jeunesse,
vieillir sans que rien n’y paraisse.
Ne pas douter, ne pas frémir,
être certain que l’avenir
nous épargnera le souffrir,
sans un regret, sans un soupir.
Et ne pas voir le temps passer,
s’aimer sans jamais se lasser,
vieillir longtemps débarrassé
de la crainte de tout casser
*****
Rebrousser chemin
oublier les lendemains
pour prendre ta main
*****
la femme au regard si noir
je vis sans espoir
*****
Le bel alezan
rapide comme le vent
que mène un enfant
*****
Petit Chérubin
tu conjugues les destins
en tissant les liens
*****
Il ne viendra plus
cet amoureux qui t’a plu
il a disparu
******
L’âge nous surprend
comme un soudain coup de vent
nous pousse en avant
*****
Le matin vermeil
réconcilie l ‘océan
et l’immense estran
arraché à son sommeil
au premier soleil
qui pousse sur cette plage
son long troupeau de nuages
*****
Le chardonneret
tapi au cour des genêts
annonce l’été
*****
Sous la pergola
les iris et hortensias
parlent aux lilas
*****
Le râteau rouillé
et tablier souillé
sur un banc mouillé
Le 15 06 2022 : Tankas et Haïkus (185)
paraphe nerveusement
la page du temps
*****
L’homme part toujours
rien ne retient ce vautour
pas même l’amour
L’été des moissons
quand le labeur est poison
ferme ta maison
*****
Le
maître du vent
traverse
les océans
file
droit devant
L’œil à l‘horizon
n’est pas un larron
qui surveille ta maison
habillé d’or fin
de vermeil et de satin
comme un noble souverain
*****
Comme un long convoi
les corbeaux quittent le bois
les filles du roi
se présentent devant moi
me montrent du doigt
m’accusent d’être un sans foi
et je m’enferme chez moi
*****
Mais quand saura-t-on
la vie de ces papillons
fleurs de la saison
*****
Un arbre ancestral
au vieux tronc monumental
surplombe un canal
*****
Vous verrez peut-être
ce vieil homme à sa fenêtre
qui attend son maître
*****
Il ne parle pas
il n’attend que mon trépas
qui bientôt viendra
*****
À l’heure où le ciel
se pare d’or et de vermeil
survient le sommeil
*****
Femme retiens-toi
ne reste pas sous ce toit
où le monstre est roi
*****
Et coulent les vers
qui nous emportent vers
un autre univers
*****
Le 09 06 2022 : Haïkus (179)
Aimer Se soumettre
c’est à deux genoux toujours
qu’on dit son amour
*****
J’ai trouvé par terre
un rêve dans la misère
j’en fais mon affaire
*****
Il s’est envolé
bien au-dessus des sommets
sans se fatiguer
*****
Son front s’est posé
comme un animal blessé
sur mon bras dressé
*****
La simple caresse
pour exprimer la tendresse
chasser sa détresse
*****
Ta main dans la mienne
pour que jamais rien ne vienne
troubler ton doux rêve
*****
Le 08 06 2022 : Tanka et Haïkus (178)
Partir changer d’air
c’est partout le même enfer
traverser les mers
prendre le chemin de fer
si un jour tu désespères
laisse ton passé derrière
*****
On ne connaît rien
sur le mal ou sur le bien
on croit être un saint
*****
Au cœur des roseaux
il siffle comme un oiseau
l’ardent sirocco
*****
Le 07 06 2022 : Haïkus et tankas (177)
Des gens sur la plage
s’adonnent à leur bronzage
d’autres font naufrage
au cours d’un trop long voyage
après leur mirage
il leur fallait du courage
de la colère ou la rage
*****
Les années futiles
et les siècles inutiles
n’ont jamais appris
que le terrible mépris
pour l’humanité
les hivers et les étés
pour rien se sont succédés
*****
Le cerceau qu’on pousse
l’attendrissante frimousse
le goût de l’arbouse
*****
Malgré nos efforts
jusqu’à l’instant de la mort
vivra le trésor
le souvenir de l’enfance
comme une espérance
sur le chemin des vacances
la merveilleuse innocence
****
Le 06 06 2022 : Haïkus et Tankas (176)
Ne jamais pleurer
sans cesser de se leurrer
jusqu’à en crever
*****
Rêver que l’on vole
comme porté par Éole
être une luciole
*****
Près de la falaise
pris d’un dangereux malaise
plus rien ne nous pèse
*****
Là dans le berceau
un rire comme un ruisseau
lave la laideur
le malheur et la douleur
nous parle d’ailleurs
d’une humanité paisible
d’un bonheur enfin possible
*****
Le 05 06 2022 : (175)
Elle était l’amie
que l’on voudrait pour la vie
la douce chérie
par les années départie
jamais je ne l’oublie
La guerre me l’a ravie
et je suis sans plus d’envie
Il est criminel
de séparer des enfants
nés du même ciel
dans un pays différent
où l’on vivait autrement
*****
Un galet d’argent
sur le bord de cet étang
aux reflets ardents
*****
Le 04 06 2022 Haïkus et Tankas (174)
Pourquoi devrait-on
endurer tous les affronts
demander pardon
pour exister simplement
depuis trop longtemps
l’âge est un fardeau pesant
dont on nous charge en naissant
*****
Le chant d’un pinson
sur le toit de la maison
est une oraison
*****
Partir vers le Nord
enfin prendre son essor
pour tromper la mort
*****
J’aimerais chanter
un univers enchanté
sans méchanceté
*****
Ses grands yeux d’azur
offensent le ciel c’est sûr
ce constat est dur
*****
Un éclair d’argent
vient déranger brusquement
la paix de l’étang
******
Le 02 06 2022 (173)
Parmi tant d’autres, un bâtiment en briques rouges du début du siècle dernier, coincé entre le périphérique et le boulevard des Maréchaux, à la porte de Charreton.
Au troisième étage sans ascenseur une vieille dame vit au bout du couloir à la peinture brune lépreuse, dans un minuscule appartement. Sa porte n’est jamais fermée, la locataire ne craint plus rien. Il suffit de pousser le battant pour entrer dans la pièce unique qui sert de salon, de cuisine et de chambre à coucher. Une table ronde au centre, encombrée de vieux magazines de télévision, de photographies d’enfants, de boîtes de conserves et d’une lampe à pétrole transformée en lampe de chevet. L’abat-jour jaune diffuse une lumière fatiguée qui éclaire avec parcimonie un rond de plancher encaustiqué. Une épaisse tenture vert-olive qui traîne sur le sol cache la fenêtre. Dans le coin le plus sombre, un fauteuil poussé contre le mur tapissé de brun, un napperon empesé recouvre le haut du dossier. Une vieille dame aux cheveux blancs semble dormir, sa main immobile repose sur un chat silencieux noir avec un masque de poils blancs. Elle se tient appuyée au fond du siège, bien droite. Au-dessus de sa tête, un carillon rectangulaire retarde de plus d’une heure, et dans son cadre ovale, le portrait bistre d’un couple de jeunes mariés. Elle est coiffée d’une voilette de dentelle qui lui barre le front, elle est brune. À sa gauche, un jeune homme au profond regard noir arbore une moustache en guidon de vélo. Ils ne sourient pas, extrêmement sérieux. Sans doute les parents de la dormeuse. Une canne de bambou gît à ses pieds. On la croirait endormie si ses yeux marmoréens ne retenaient la lueur vacillante de la lampe. Elle dort ou elle réfléchit intensément, les yeux dans le vide.
Le chat baille avant de sauter sur le sol, sa maîtresse ne tente pas de le retenir, il se glisse dans l’entrebâillement de la porte et file dans le couloir. La tête de la grand-mère glisse alors doucement sur sa poitrine. Assurément, elle dort, ou elle attend la mort, ou elle est déjà morte. Depuis combien de temps ?
Le 01 06 2022:(172)
Le temps paresse et s’étire
ce cruel vampire
nous inflige si grand martyre.
La mort est son empire
on le fuit on le désire
chaque jour est pire.
Il joue à nous séduire
nous caresse et nous déchire.
il nous berce et nous chavire
jusqu’à nous détruire.
Le 31 5 2022 : Haïkus et Tanka (171)
L’étoile filante
c’est une âme défaillante
dans la mer démente
*****
Trop d’amants maudits
regrettent tous les mots dits
à jamais partis
*****
Il faudrait tuer
tous ces apprentis sorciers
et leurs pistolets
*****
Je veux te garder
en moi comme un grand secret
dans mon cœur celé
*****
La pluie du matin
lavera tous les chagrins
jusqu’au lendemain
*****
Beaucoup trop de fleurs
pour des monceaux de malheurs
et autant de pleurs
*****
J’avais un espoir
de voir lavé tout ce noir
qu’on ne peut ravoir
*****
Une vie passée
dans nos peines ressassées
jeunesse blessée
*****
Nous suivons la trace
de tous nos espoirs fugaces
et rien ne se passe
*****
Au soir de la vie
devant nos forces enfuies
comme une eau de pluie
l’espérance inassouvie
dans nos mains enfouie
s’est transformée en ruisseau
coulant parmi les roseaux
*****
Le 30 5 2022 : Haïkus (170)
Dans le soir diaphane
elle cherche une âme
l’effraie blanche dame
*****
Si je dois partir
je prendrai en souvenir
le mal de souffrir
*****
Sait-il où il va
le vieil homme tout là-bas
courbé sous le bât
*****
Un trait de soleil
écrit la fin du sommeil
en lettres miel
*****
Confie-moi tes doigts
je les emmène avec moi
par les champs et par les bois
*****
L’épave là-bas
dans les flots et le fracas
le Manureva
*****
Marie ne veut pas
voir son Jésus sur la croix
nu tremblant de froid
La pomme est tombée
flétrie et talée
par l’orage secouée
****
Dans le ciel d’été
un trait noir s’est projeté
c’est un martinet
*****
Enfant je jetai
un caillou au fond du puits
et jamais depuis
je n’ai cessé d’y penser
tout en bas l’œil noir
me charmait pour m’attraper
comme avalent les miroirs
*****
Sur une marelle
l’enfant saute sur un pied
de l’enfer souillé
au paradis des merveilles
il semble léger
il touche à peine le sol
prêt à prendre son envol
*****
Que reste-t-il d’elle
de ma tendre mère Adèle
les années l’effacent
de ma mémoire fugace
le noir de ses yeux
son grand sourire radieux
et son parfum délicieux
*****
Sur le jeu d’échecs
pas de prise de becs
il faut du noir et du blanc
pour amuser petits et grands
Toutes les couleurs s’assemblent
tous les pions se ressemblent
c’est la loi de la nature
où la diversité devient parure
seuls les hommes font un drapeau
de la couleur de leur peau
*****
Oublier le guerre
le feu la mort la misère
le monde l’espère
*****
Un jour il partit
Dieu pour quel paradis
la terre est son lit
*****
La barque balance
comme un berceau de l’enfance
sous le ciel de France
*****
Le fer de l’araire
a griffé le bloc de pierre
et le vif argent
a jailli comme un serpent
du coeur de la terre
l’homme a posé son outil
quand la cloche a retenti
*****
Le 27 05 2022 : Haïkus, Tankas: (167)
C’est quand on va mal
qu’on pense au pays natal
comme à un fanal
*****
Il ne reste rien
de ces fantômes lointains
qui étaient les miens
*****
Faudra-t-il toujours
rechercher le grand amour
qui tournera court
*****
Une larme glisse
pareille à l’eau salvatrice
au fond d’un calice
*****
Un chapeau de paille
en pays de Cornouailles
c’est jour de fiançailles
*****
Un soleil carmin
tout au bout de ce chemin
un œil opalin
*****
Encore un massacre
la célébration macabre
la nature humaine
à laquelle nous ramène
le goût de tuer
le mal à perpétuer
depuis toute éternité
*****
Retrouver l’enfance
cet élixir de jouvence
tracer la marelle
le cloches de la chapelle
chanter la chanson
siffler comme des pinsons
faire un chœur à l’unisson
****
Le 26 05 2022 : Haïkus, Tankas: (166)
Les fleurs d’acacia
et leur parfum de nougat
que je n’oublie pas
*****
Jamais je n’irai
dans ce lointain oranais
ce pays défait
*****
Je revois l’enfant
tout petit parmi les grands
tous aussi violents
*****
La mouette grise
de l’immensité éprise
à crier s’épuise
*****
Un cœur amoureux
pourra se sentir heureux
s’il palpite un peu
*****
Le 25 05 2022 : Haïkus, Tankas et Gogyōka : (165)
Ma vie cet enfer
dès le début une suite de galères
à ma naissance je ne savais pas marcher
je ne pouvais pas m’enfuir quand on m’attachait
je ne savais pas non plus parler
ni déposer plainte, ni cavaler
Un enfer décidément
je ne vous dirai pas la litanie
de tous mes désagréments
ni de mes avanies
Ce matin au moment de me chausser
j’ai cassé mon lacet
c’est dire comment elle est dure
cette existence de tortures
et comme je n’ai pas de chance
je suis sûr que l’avalanche
d’épreuves se poursuivra
sans doute on me mettra
dans le tombeau d’un inconnu
ou d’un diable cornu
*****
Encore aujourd’hui
un assassinat gratuit
d’enfants sans sursis
*****
J’attends le soleil
qui viendra à mon réveil
enchanter ce jour
en éclairant mon parcours
j’attends l’embellie
une chanson d’Italie
une jeunesse alanguie
*****
Le 24 05 2022 : Haïkus et Tankas : (164)
Un enfant qui rit
dissipe tous nos ennuis
et la joie revit
*****
L’amour bienveillant
d’une mère sur l’enfant
le rendra confiant
*****
La délicatesse
d’une si tendre promesse
est une caresse
*****
Le pas du cheval
sur la berge du canal
descend vers l’aval
*****
La femme s’enfuit
et un homme la poursuit
peu avant la nuit
*****
Ils tapent du pied
en marchant les écoliers
leur chanson joyeuse
dit l’histoire bienheureuse
d’une simple gueuse
qui s’offrait un grand amour
d’un poète troubadour
*****
Un vieillard assis
sur un carré de tapis
attend un ami
pour parler du temps jadis
ils aimaient danser
bien avant de s’engager
au conflit mondialisé
*****
Ils voulaient s’enfuir
comme s’ils allaient mourir
au prochain soupir
*****
Le 23 05 2022 : Haïkus et Gogyōka : (163)
Ces ombres qui passent
dans notre vie et trépassent
sans laisser de trace
*****
C’est une menace
un traquenard une nasse
un enfer tenace
*****
Un simple sourire
plus cher qu’un vaste empire
plus dur que porphyre
*****
On m’a dit sois sage
montre toi doux et tranquille
je te le présage
pour toi une vie facile
les plus beaux voyages
j’ai fait tout ce qu’on m’a dit
et je n’ai pas un radis
pas d’amour sublime
aucune passion n’anime
ce gris tout autour
peuplé de mille vautours
*****
Je ne dirai plus
tous ces mots qui t’avaient plu
quand tu m’as connu
*****
Un poids sur le cœur
une espèce de frayeur
le goût du malheur
*****
L’oiseau est plus libre
que tous les héros des livres
au regard de tigre
*****
Le petit enfant
qui s’inventait des romans
pour fuir ses tourments
il regardait ses parents
vieillir tristement
dans une pays dévasté
par des soldats détestés
*****
Le 21 05 2022 : (161)
La demoiselle brune
qui chantait à la lune
et dansait sur la dune
le faisait pour des prunes.
Pas une seule thune
n’augmentait sa fortune.
Sans ambition aucune
elle vit sans rancune.
*****
Le 20 05 2022 : (160)
Chacun traîne un boulet
de son lointain passé,
on cherche l’enfant
chéri de ses parents.
On se fait des amis
qui servent d’alibi
pour prolonger sa vie
dont on n’a plus envie.
On rêve de rivière,
on voudrait un ruisseau
pour se baigner dans l’eau.
On attend le printemps
pour fuir les pieds devant
un présent trop pesant
un hier oppressant.
Fermer les yeux enfin
sur ce monde assassin,
s’inventer un destin
qui serait moins mesquin.
Le 19 05 2022 : Haïkus et Tankas: (159)
S’envoler un jour
au dessus des toits des tours
et voir tout autour
*****
Ils poussent du doigt
des planètes quelques fois
ces enfants narquois
*****
Seule à sa fenêtre
elle se dit des peut-être
à l’homme à connaître
*****
Le soleil captif
dans ce piège possessif
de tes yeux naïfs
****
Ses jours et ses nuits
se déroulent dans l’ennui
le bonheur la fuit
*****
Dans ce cimetière
se passe sa vie entière
cet ami fidèle
chaque jour vient sur la stèle
pleurer sa maîtresse
et lui dire sa tendresse
qui le tient toujours en laisse
*****
Renoncer à tout
mais te dire des mots doux
ne plus voir le jour
oublier les beaux discours
pour vivre avec toi
plus heureux que tous les rois
et te garder près de moi
*****
Depuis l’horizon
les canons des garnisons
visent les maisons
ils inondent les moissons
de feu de poison
la haine et la déraison
tout détruisent sans façon
*****
Le 18 05 2022 : Haïkus et Tankas: (158)
Fleurir tous les ans
la tombe de mes parents
pleurer un moment
*****
Toujours des questions
et des interrogations
sans aucune réaction
*****
Une jeune fleur
dans le vieux port de Honfleur
pleurait sa douleur
*****
On m’a dit sois sage
pour voir d’autres paysages
comprends ce message
inscrit en haut de la page
mais ma vie est un naufrage
je vois le prochain rivage
et la fin de mon voyage
*****
À moi les amis
ces compagnons tant chéris
aujourd’hui partis
trop loin de mes bras ouverts
désormais déserts
finis les éclats de rire
finis les joyeux délires
*****
La tige penchée
d’une rose desséchée
nous dit la détresse
quand s’étiole la jeunesse
au fil des saisons
s’épuisent les fenaisons
et se meurt notre maison
*****
Les beaux souvenirs
nous font désormais souffrir
nos têtes se vident
et le cerveau est aride
oublié le nom
de tous ces chers compagnons
plus légers que papillons
*****
Le 17 05 2022 : Haïkus et Tankas: (157)
La douce tiédeur
d’une larme de bonheur
réchauffe mon cœur
*****
Où sont-ils partis
tous ces merveilleux bandits
amis des jeudis
*****
La houle me berce
le cours du temps se renverse
je me sens content
dans les bras de ma maman
quand j’avais un an
le goût de miel me revient
du sourire maternel
*****
La dame et son chien
bien connus de leurs voisins
vont chercher leur pain
à la boutique du coin
tôt dès le matin
elle sent bon le jasmin
le toutou lui s’en moque bien
La muse a tenté
de tirer les vers du nez
d’un barde enchaîné
*****
Chacun sa misère
sur cette maudite terre
où l’on désespère
*****
Saurez-vous me dire
sans que j’éclate de rire
que vous m’aimerez
qu’heureux vous me garderez
pour toute la vie
malgré ceux qui nous envient
cessez donc vos tromperies
*****
J’ai tendu la main
ma paume remplie de graines
mais hélas en vain
aucun moineau ni serin
ne s’y est perché
j’ai cessé de pleurnicher
j’ai donc choisi de pêcher
Je pleure la nuit
seul dans mon grand lit
mon rêve qui s’enfuit
*****
Le 14 05 2022 : Haîkus et Tankas : (154)
Fleur de lilas blanc
ne survivra pas longtemps
aux feux du printemps
*****
Au matin radieux
une larme dans tes yeux
et je tremble un peu
*****
Et je me demande
ce que cette propagande
nous rapportera
je crois qu’on en crèvera
c’est un choléra
la peste ou la malaria
une abjecte guérilla
*****
Vision idyllique
d’une beauté iconique
près d’une fontaine
son profil de vénitienne
découpe l’azur
en un dessin aussi pur
qu’un portrait de souveraine
*****
Un homme brisé
anéanti méprisé
devant sa maison
détruite par le canon
et la déraison
Il se perd en oraisons
sa douleur est sa prison
***
Le 12 05 2022. (153)
L’homme avance tranquille, il suit sa bonne étoile
elle est le vent puissant qui gonfle sa grand voile.
Marcheur infatigable, il va où vont ses rêves
aux premières lueurs du soleil qui se lève
il cherche un grand amour qu’il trouvera demain
dans une longue errance en un pays lointain.
Il la reconnaîtra et lui prendra la main,
elle lui sourira sur le bord du chemin.
Jamais on ne verra d’amoureux plus aimables
car ils s’inventeront une vie formidable,
ils se fabriqueront tant de beaux souvenirs
pour habiller leur maison et leur avenir.
*****
Le 11 05 2022 : Haïkus, Tankas (152)
Un homme et son chien
se promènent dans la ville
ils ne savent rien
du malheur qui se profile
bientôt c’est la mort
la volonté du plus fort
que l’on impose d’abord
*****
Ton doigt sur mon front
dessine d’étranges fleurs
des rhododendrons
au doux parfum de bonheur
je ferme les yeux
en cet instant merveilleux
où je me sens bienheureux
*****
L’enfant endormi
entre mes bras assoupi
si léger pourtant
a son poids de sentiment
fardeau imposant
mon trésor le plus précieux
qui me fait l’égal des dieux
*****
Le terrible effroi
ils t’ont découpé les doigts
tu n’auras plus froid
*****
Le 10 05 2022 : Haïkus (151)
Planer dans le ciel
pouvoir goûter le soleil
et l’or de son miel
*****
Assez de clairons
d’héroïques oraisons
enfin la raison
*****
Partout la violence
le rejet la médisance
et l’indifférence
*****
Jeté comme un chien
dans le fossé chemin
qui ne mène à rien
*****
En battement d’ailes
une élégante hirondelle
longe la venelle
****
Du haut de leur trône
leur suffisance rayonne
on n’est plus personne
*****
Comme un chien de guerre
il se cherche un ministère
pour son gros derrière
*****
Il vaut mieux rêver
voir le soleil se lever
le mal s’achever
*****
La main trop ridée
d’une grand-mère adorée
sur sa joue poudrée
*****
Si tu les désignes
comme des bêtes indignes
le mal te domine
*****
Le 09 05 2022 : Haïkus (150)
Une femme chante
pour que la patrie s’enchante
des temps d’épouvante
*****
Des croix dans les champs
où rien ne pousse pourtant
depuis très longtemps
*****
Le clairon qui sonne
au fond de mon cœur résonne
la honte des hommes
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